lundi 29 novembre 2010

# Les redresseurs de morts

Chambres à gaz: la bonne nouvelle.

Comment on révise l'histoire

Le propre des révisions est d'être déchirantes. Aussi ai-je bien quelque peu tenté de résister à la révélation qui me fut faite le 28 décembre 1978 lorsqu'ouvrant à la page 8 le journal le Monde, je découvris que les Évangélistes n'étaient pas quatre, comme je l'avais toujours cru. Évangile, n'est-ce-pas, ça vient du grec « euaggelion » qui signifie, littéralement, bonne nouvelle. Ce jour-là, dans mon quotidien favori, un article était publié que signait Robert Faurisson, maître de conférences, Université Lyon 2, et qui se terminait par ces mots: « L'inexistence des « chambres à gaz » est une bonne nouvelle pour la pauvre humanité. Une bonne nouvelle qu'on aurait tort de tenir plus longtemps cachée ».

Qui était donc ce nouvel Évangéliste ? Fruit déjà cinquantenaire de l'union d'une Anglaise et d'un Français, Robert Faurisson est en effet maître de conférences à l'université de Lyon lorsqu'éclate l'affaire qui porte son nom. À Vichy où il demeure - rue de Normandie, et je me plais à penser qu'une heureuse inclination au paradoxe n'est pas étrangère à un tel choix qui marie si délicatement le Maréchal et le débarquement -, à Vichy donc il fut d'abord professeur de lettres dans un lycée de jeunes filles.

À l'époque - nous y reviendrons - la bonne nouvelle au sujet des chambres à gaz commençait déjà de le visiter. Mais le premier article qu'on publia alors de lui (c'était en 1961) parlait encore de littérature. Il se fit un certain bruit dans Landernau lorsque la revue Bizarre offrit à ses lecteurs un texte, d'abord anonyme, intitulé « À-t-on lu Rimbaud ? ». La dissolution des mœurs était encore trop balbutiante pour qu'un fonctionnaire chargé d'enseigner à des demoiselles n'eût quelque raison de craindre les retombées de foudres administratives après la parution d'un tel article, qui n'était rien moins qu'une interprétation érotique du fameux sonnet « Voyelles » de Rimbaud. Faurisson y démontrait au monde des Lettres sceptique et médusé que, si Verlaine et François Coppée déjà avaient « subodoré une mystification », Robert Faurisson a été condamné à plusieurs reprises pour des propos niant la réalité du génocide juif. (Photo archives AFP)un canular de la part de l'adolescent poète, seul lui Faurisson, ne craignant pas de heurter ainsi bien des idées reçues, était enfin « peut-être parvenu à l'élucidation simple et complète d'une énigme qui date aujourd'hui [nous sommes en 1961] de quatre-vingt-neuf ans ». Le sonnet en question, affirmait-il, « n'a aucun sens, s'il n'a pas un sens érotique » et il repose tout entier sur une « mystification ». On fut pour, on fut contre, on disputa beaucoup. Étiemble parla de paranoïa. Le chroniqueur de Rivarol, qui n'allait tout de même pas laisser échapper une si belle occasion, commenta perfidement: « L'auteur d'À-t-on lu Rimbaud ? va bien embarrasser la " critique de gauche ", dont l'humeur essentiellement conformiste n'admettra pas une thèse aussi révolutionnaire, affectant la nature même d'un de ses dieux. Les gardiens du mythe vont regimber, justement parce que, tout compte fait, cette thèse a bien l'air d'être exacte ». C'est un psychanalyste, Octave Mannoni, qui offrit, me semble-t-il, le commentaire le plus riche et le plus pertinent de l'affaire en écrivant dans un article des Temps Modernes intitulé « Le besoin d'interpréter » qu'on pouvait voir mêlées dans cet essai « des démarches qui aboutissent à un enrichissement valable du sens, selon des méthodes correctes, et en même temps une telle peur devant ce qu'il y a de proprement poétique dans la parole de Rimbaud, que quelques-unes des interprétations données pour les plus profondes peuvent apparaître des artifices pour refuser les textes ».

Mystification, donc. Retenons ce mot. Je ne craindrai pas de dire qu'il est l'outil conceptuel de base indispensable à qui veut se pénétrer complètement de la pensée-Faurisson. On a vu que le « À-t-on lu Rimbaud ? » donne rhétoriquement à penser que, si tel est le cas, on l'aura cependant, ma foi, fort mal lu. La récidive attend dix ans. 1972: parution chez Gallimard de la thèse de doctorat du susdit. Son titre - je vous le donne en mille - À-t-on lu Lautréamont ? . On a décidément besoin de lunettes au royaume de France. En dix ans, la modestie de notre opticien national a certes quelque peu faibli. De quatre-vingt-neuf ans - durée qui s'était écoulée entre la parution du sonnet de Rimbaud et son élucidation faurissonienne - on passe à cent ans pour Lautréamont, puisqu'aussi bien, c'est par ces mots que s'inaugure la brillante thèse: « Cent ans. La mystification aura duré cent ans. En un siècle, Isidore Ducasse est parvenu à mystifier quelques-uns des plus grands noms de la Littérature, de la Critique et de l'Université, tant en France qu'à l'étranger. I1 n'est pas d'exemple, semble-t-il, d'une mystification littéraire aussi grave et aussi prolongée ». Il est certains mots que M. Faurisson semble tout particulièrement affectionner. Il aime beaucoup « supercherie », par exemple, ou « enquête » ou encore « énigme », « leurre », « faussaire » et « soupçons ». Il ne craint pas non plus de parler de « préjugés », d'« idées reçues », de « méprises ». Et s'il a visiblement un faible pour les « erreurs », les « dupes » et les « victimes », la palme dans sa thèse revient une fois de plus, sans conteste possible, à la « mystification » - avec tout de même une mention spéciale pour le « pot aux roses ». On se croirait certes plus dans un commissariat de police que dans un amphithéâtre de la Sorbonne. Mais on a du même coup l'avantage de voir exposée là avec soin la panoplie du parfait petit démystificateur - indulgent au demeurant, puisque le premier chapitre de ce livre, qui commence par « Cent ans. La mystification aura duré cent ans... » s'intitule malgré tout « L'erreur est humaine ».

Si la modestie flanche donc, la mystification se confirme. Je vous épargne le détail de la démonstration. Sachez seulement que les Gide, Paulhan, Caillois et autres Bachelard - quelques-uns des représentants de « l'immense cortège des dupes » et des « victimes » de cette mystification - se sont, passez-moi l'expression, fourré le doigt dans l’œil à propos des Chants de Maldoror. Ainsi éborgnés, ils n'ont su voir, les malheureux, que cette œuvre n'était en fait qu'une « fantaisie bouffonne », une « charge de la bêtise prudhommesque », en un mot un canular. Nous y revoilà.

À ceux qui s'inquièteraient de l'obsession démystificatrice dont semble décidément faire preuve M. Faurisson, j'indiquerai que celle-ci figure pour ainsi dire sur ses cartes de visite, puisqu'à la page 13 du livret publié en janvier 1978 par l'U.E.R. de Lettres et Civilisations classiques et modernes de l'Université de Lyon 2, on peut lire les mots suivants: « Robert Faurisson, maître de conférences. Littérature française du XXe siècle. Spécialité: critique de textes et documents, recherche du sens et du contre-sens, du vrai et du faux ». On commence d'y voir un peu plus clair. Ce M. Faurisson s'est donc spécialisé dans la recherche du vrai et du faux. Entreprise ô combien exaltante qui l'a conduit, des années durant, sur les innombrables et difficiles sentiers des mystifications en tous genres. Mais le monde de la littérature allait bientôt se révéler trop étroit pour la fièvre récurant de notre Ajax national. La récurrence dont je parle ici peut s'écrire de deux façons. La définition que donne le Robert de celle qui s'orthographie avec deux « r » et un « e » convient parfaitement à l'affection qui paraît avoir frappé notre homme. Récurrence, rappelle en effet le dictionnaire, signifie « retour, répétition, phénomène répétitif ». Or, au risque d'inquiéter à nouveau ceux qu'habiterait un légitime souci de la santé d'un membre éminent de l'Université française, l'honnêteté me fait obligation de dire que, sous la rubrique « Travaux en cours » du livret susmentionné, M. Faurisson annonce un « À-t-on lu Booz endormi ? » qui révèle, sans doute possible, qu'il n'a décidément pas fini de « récurer ».

Mais si, tout à l'heure, je parlais d'Ajax, c'était bien, toute publicité mise à part, au récurage abrasif que je faisais allusion. Voici pourquoi: dans une interview publiée en 1977 par les Nouvelles Littéraires sous le titre « Je cherche midi à midi », Faurisson explique qu' « il faut chercher la lettre avant de chercher l'esprit », que « les textes n'ont qu'un sens ou bien il n'y a pas de sens du tout » et qu'il faudrait quand même que la critique littéraire finisse par accepter « cette dure loi du sens comme les physiciens acceptent la loi de la pesanteur ». Et Faurisson qui est, n'en doutons pas, un fin pédagogue, d'expliquer comment, lorsque dans un texte réputé historique - « mais ces réputations ne sont-elles pas de l'ordre du préjugé » - ses étudiants relèvent les mots de « Napoléon » ou de « Pologne », il interdit que leur analyse fasse état de ce qu'ils croient savoir de Napoléon ou de la Pologne. Seul compte en effet le texte examiné « à cru et à nu ». Cette méthode, dont l'un des avantages, et non des moindres, est qu'elle permet de « détecter les falsifications et fabrications en tous genres », cette méthode donc - nous y voilà -, ses étudiants, dit-il, l'appellent la méthode Ajax, parce que « ça récure, ça décape et ça lustre ».

Ces paroles immortelles étaient prononcées à l'occasion de la parution d'un opuscule peut-être encore plus audacieux que les œuvres précédentes, puisqu'il s'agissait d'une « traduction » (le mot est de Faurisson lui-même) des Chimères et Autres Chimères de Gérard de Nerval. Non plus « À-t-on lu...  ? » donc - il faut bien se renouveler de temps à autre - mais plutôt « Comment lire... ». Le titre de l'ouvrage est d'ailleurs la Clé des Chimères et Autres Chimères de Nerval . En exergue, cette dédicace: « Aux paysans du Danube, parce qu'ils cherchent à comprendre... » et, en épigraphe, une citation tirée du volume de la Pléiade consacré à l'Histoire et ses méthodes, qui dit que « la traduction est le meilleur et le plus bref des commentaires ». Je ne résiste pas au plaisir de vous faire savoir que les premiers vers du poème de Nerval « El Desdichado »: « Je suis le ténébreux, le veuf, I' inconsolé, Le prince d'Aquitaine à la tour abolie », deviennent par la grâce prosaïque de M. Faurisson: « Je suis comme le ténébreux de la légende espagnole, le veuf, l'inconsolé, comme ce prince d'Aquitaine, dépossédé du trône de Castille et surnommé El Desdichado ».

Si j'ai emprunté ce détour quelque peu insolite, via Lautréamont, Nerval et Rimbaud, sur le chemin qui conduit à la bonne nouvelle à propos des chambres à gaz, c'est parce que là, déjà, se donne à voir le diptyque qui forme l'armature théorique de la pensée-Faurisson. D'un côté les idées reçues, les préjugés, le conformisme, les dupes, les corps constitués. Mais aussi les mystifications et les faussaires. De l'autre côté la simplicité, le bon sens, les paysans du Danube. Et aussi la détection, le décapage et la démystification. Dans le livret déjà deux fois mentionné, et qui est à lui seul une mine pour tout travail hagiographique sur l'évolution créatrice du maître de conférences, on constate qu'à partir de 1973, les « traductions prosaïques » d'Apollinaire et autres résolutions d'énigmes concernant La Fontaine ou Ronsard font désormais place à une approche toute particulière de l’œuvre de Louis-Ferdinand Céline, sous la forme d'articles intitulés « À quand la libération de Céline ? », « Céline au purgatoire » ou « Céline dans de beaux draps ». Et sous la rubrique « Travaux en cours », le vieux Booz qui dort toujours et qu'on a lui aussi fort mal lu, repose maintenant près de boisseaux pleins d'une promesse de récolte qui dit avec éclat comment, en effet, le strict domaine de la littérature ne saurait contenir plus longtemps désormais la ferveur démystificatrice du grand Récureur. Les travaux en cours annoncés par Faurisson en janvier 1978 sont les suivants: « un Dictionnaire de Céline; Les Bavures, chronique de l'Épuration dans des communes du Confolantais; articles sur Céline et sur Lautréamont; recherches sur le thèmes « Le Journal d'Anne Frank est-il authentique ? »; recherches sur la genèse de la légende des chambres à gaz nazies et préface sur ce thème à la traduction française de l'imposture du XXe siècle d'A.R. Butz. »

Le 28 décembre 1978 donc, le Monde se résout finalement à rendre publique la bonne nouvelle que Faurisson brûle de répandre sur la pauvre humanité. S'il existe un homme dont on doit louer la constance et l'acharnement, c'est bien celui-là. En quatre ans, il a écrit 29 fois au Monde au sujet des chambres à gaz - et 22 fois, le Monde a refusé de le publier. Mais M. Faurisson, qui semble ne pas faire un seul pas sans ses avocats, se drape un beau jour dans des sommations légales et, ayant été cité à plusieurs reprises, il excipe de son droit de réponse.

Il a commencé en effet à faire parler de lui depuis que, le 1er novembre, il a adressé à plusieurs journaux une lettre circulaire qui commençait par ces mots: « J'espère que certains des propos que le journaliste Philippe Ganier-Raymond vient de prêter à Louis Darquier de Pellepoix amèneront enfin le grand public à découvrir que les prétendus massacres en « chambres à gaz » et le prétendu « génocide » sont un seul et même mensonge, malheureusement cautionné jusqu'ici par l'histoire officielle (celle des vainqueurs) et par la force colossale des grands moyens d'information ».

Quelques mois plus tard, un ami me disait: « Décidément, je trouve qu'on parle vraiment trop de nous en ce moment ». Et il ajoutait: « Ça n'est jamais bon ». Ce « nous », qui m'englobait, signifiait « nous, les juifs ». Et de fait, depuis le mois d'octobre 78, à la radio, dans les journaux, à la télévision, il n'y en avait que pour nous. Tout cela avait commencé par l'interview de Darquier que publiait l'Express et dont Faurisson espérait qu'elle contribuerait à révéler enfin la bonne nouvelle. Darquier qui était devenu marchand de bretelles et dont on trouvait sans peine le nom écrit en toutes lettres dans le bottin de Madrid, Darquier qui avait été commissaire général aux Questions juives de mai 1942 à février 1944 et avait contrôlé en personne la bonne marche de l'opération délicatement baptisée « Vent printanier », plus connue sous le nom de « Rafle du Vel, d'Hiv, » et au cours de laquelle 900 équipes de policiers français avaient arrêté à Paris, les 16 et 17 juillet 1942, 12884 hommes, femmes et enfants juifs. Il faut être juste. Malgré son grand âge, Darquier - qui est de Pellepoix comme je suis de La Rochefoucauld - n'a rien perdu de sa verdeur antisémite. I1 explique au journaliste que c'est bien sur « cette satanée propagande juive qui a répandu et entretenu cette légende » des chambres à gaz, parce que les juifs, c'est bien connu, sont « toujours prêts à tout pour qu'on parle d'eux, pour se rendre intéressants, pour se faire plaindre ». Et tout ce qu'on a gazé à Auschwitz, ce sont des poux. « Après la guerre, les juifs ont fabriqué des faux par milliers », avec lesquels « ils ont intoxiqué la terre entière ».

Cette interview fit grand bruit et, pendant quelques semaines, les Français reparlèrent des collabos et des amnistiés, de Touvier, de Leguay, de Bousquet. On s'apitoya rétrospectivement sur le sort des malheureux juifs que quelques affreux avaient livrés aux nazis. Les cendres de Pétain qui projetaient, semble-t-il, de se faire enfin transférer à Douaumont, se remirent discrètement en petit tas dans leur coin et on rapporta en haut lieu la décision qui avait été prise quelque temps auparavant de ne plus commémorer la date du 8 mai 1945. Et, alors que les trois chaînes de télévision venaient justement de refuser l'achat du feuilleton américain « Holocauste », les remous causés par l'interview hollywood-shoah-memorial-shoah-L-2de Darquier firent revenir Antenne 2 sur cette décision. La France vécut alors pendant quinze jours à l'heure du génocide. Le paradoxe fut que, conséquence du rappel plutôt brutal via Darquier de l'antisémitisme français, cette diffusion télévisée allait très vite apaiser les consciences. Ce qu'on projetait sur tous les petits écrans de l'hexagone était certes fort triste, mais tout cela se passait, Dieu merci, bien loin de chez nous. On pouvait donc confortablement recommencer à plaindre les juifs et condamner les nazis. Ni les uns, ni les autres n'étaient français. Tout rentrait donc dans l'ordre.

C'est à cette époque-là, quelque part entre Darquier et « Holocauste », que Faurisson fit son entrée sur la scène publique. Récompensé de sa persévérance, il vit son texte enfin publié par le Monde sous le titre « » Le problème des chambres à gaz ", ou " La rumeur d'Auschwitz « ». Nous reparlerons de ce titre. Les heureux lecteurs de la revue de Maurice Bardèche, Défense de l'Occident, avaient eu droit, dès le mois de juin, à la version intégrale de ce document. Les défenseurs de Faurisson expliquent que celui-ci n'avait pas eu le choix et avait dû se résoudre à paraître sous la houlette de Bardèche parce que personne d'autre n'avait accepté de le publier. Il me semble, quant à moi, que le choix demeure toujours au contraire entre se voir publié par des fascistes et n'être pas publié du tout. N'ignorant pas que la diffusion de cette revue d'extrême-droite était, malgré tout, assez limitée, M. Faurisson avait pris soin d'envoyer son texte à un certain nombre de personnalités, en lui adjoignant un « complément » dactylographié qui disait ceci: « Conclusions (de trente ans de recherches) des auteurs révisionnistes:

  1. Les « chambres à gaz » hitlériennes n'ont jamais existé.
  2. Le « génocide » (ou la « tentative de génocide ») des Juifs n'a jamais eu lieu; en clair, jamais Hitler n'a donné l'ordre (ni admis) que quiconque fût tué en raison de sa race ou de sa religion.
  3. Les prétendues « chambres à gaz » et le prétendu « génocide » sont un seul et même mensonge.
  4. Ce mensonge, qui est d'origine essentiellement sioniste, a permis une gigantesque escroquerie politico-financière dont l'État d'Israël est le principal bénéficiaire.
  5. Les principales victimes de ce mensonge et de cette escroquerie sont le peuple allemand et le peuple palestinien.
  6. La force colossale des moyens d'information officiels a, jusqu'ici, assuré le succès du mensonge et censuré la liberté d'expression de ceux qui dénonçaient ce mensonge.
  7. Les partisans du mensonge savent maintenant que leur mensonge vit ses dernières années; ils déforment le sens et la nature des recherches révisionnistes; ils nomment « résurgence du nazisme » ou « falsification de l'histoire » ce qui n'est qu'un juste retour au souci de la vérité historique ».

Lettre circulaire, articles, complément... On parlait enfin de Robert Faurisson. Mais la récompense avait son revers. Rendues publiques, de telles révélations ne pouvaient manquer d'entraîner des réactions. Celles-ci ne tardèrent pas. À Lyon on manifesta, le président de l'université suspendit les cours de Faurisson qui fut, de surcroît, quelque peu molesté par des étudiants juifs. Ceux-ci firent preuve là d'une sensibilité partisane fort déplacée en un lieu traditionnellement voué à une sérénité et un respect que l'annonciateur de bonnes nouvelles s'estimait très légitimement en droit d'attendre.

Comme la dite sérénité paraissait décidément difficile à recouvrer, l'infortuné professeur se vit contraint de solliciter de la haute bienveillance du ministre des Universités, en mai 1979, une relégation dans l'enseignement par correspondance qu'on s'empressa de lui accorder, en priant sans doute le ciel que cette mesure fît peu à peu oublier les turbulences qu'avaient engendrées l'inconvenance et l'ingratitude avec lesquelles on avait accueilli les résultats de pas moins de dix-huit années d'efforts.

Avec une émouvante sobriété, Robert Faurisson décrit dans une lettre publiée par le Monde le 16 janvier 1979 ce que furent ces dix-huit années: « Jusqu'en 1960, j'ai cru à la réalité de ces gigantesques massacres en « chambres à gaz ». Puis, à la lecture de Paul Rassinier, ancien déporté résistant et auteur du Mensonge d'Ulysse, j'ai commencé à avoir des doutes. Après quatorze ans de réflexions personnelles, puis quatre ans d'une enquête acharnée, j'ai acquis la certitude, comme vingt autres auteurs révisionnistes, que je me trouvais devant un mensonge historique. J'ai visité et revisité Auschwitz et Birkenau où l'on nous présente une « chambre à gaz reconstituée » et des ruines dites de « crématoires avec chambres à gaz ». Au Struthof (Alsace) et à Majdanek (Pologne), j'ai examiné des locaux présentés comme des « chambres à gaz en état d'origine ». J'ai analysé des milliers de documents, en particulier au Centre de documentation juive contemporaine de Paris: archives, sténogrammes, photographies, témoignages écrits. J'ai inlassablement poursuivi de mes questions spécialistes et historiens. J'ai cherché, mais en vain, un seul déporté capable de me prouver qu'il avait réellement vu, de ses propres yeux, une « chambre à gaz ». Je ne voulais surtout pas d'une illusoire abondance de preuves; j'étais prêt à me contenter d'une preuve, d'une seule preuve. Cette preuve, je ne l'ai jamais trouvée. Ce que j'ai trouvé, en revanche, ce sont beaucoup de fausses preuves, dignes des procès de sorcellerie et déshonorantes pour les magistrats qui s'en étaient accommodés. Et puis j'ai trouvé le silence, la gêne, l'hostilité et, pour terminer, les calomnies, les insultes, les coups ».

Comment peut-on, à moins d'avoir une pierre à la place du cœur, demeurer insensible au récit d'une telle odyssée ? Eh bien, moi, j'ai sans doute un coeur de pierre, parce que ni les exploits, ni les mésaventures de M. Faurisson ne m'ont donné le moins du monde envie de me joindre à la croisade de ceux qui ont cru bon de l'assurer de leur concours et de leur soutien. Un tract circulait au mois de mai 79, finement intitulé « Les chambres à gaz sont-elles indispensables à notre bonheur ? » et que signaient « des personnes sans qualité ». Au milieu de ce tract, une phrase « Le professeur Faurisson est un homme seul ». Point de vue qui paraît culminer dans le subtil renversement des rôles que propose une affiche-tract de la revue La guerre sociale au titre choc « Qui est le juif ? ». On aura deviné sans peine que le juif, aujourd'hui, c'est Robert Faurisson.

Mais en brossant ainsi le tableau pathétique d'un chercheur solitaire, ces personnes sans qualité se sont montrées plus royalistes que le roi. Quand Faurisson rend compte de ses travaux, il les assortit toujours, lui, de ce qu'il appelle les « conclusions des auteurs révisionnistes »: « Les chambres à gaz hitlériennes n'ont jamais existé, etc. » (voir plus haut). Et attention, pas d'échappatoire possible: soit vous êtes révisionniste, soit vous êtes - excusez du peu - exterminationniste. C'est ainsi en effet que M. Faurisson qualifie ceux qui s'acharnent, souvent pour de très mauvaises raisons, à refuser d'accueillir enfin la bonne nouvelle. Et si M. Faurisson est un homme seul, il semble avoir, Dieu merci, trouvé le moyen d'échapper quelque peu à cette cruelle solitude. C'est ainsi qu'on le vit siéger en bonne compagnie au congrès - le premier du genre - réuni en septembre 79 près de Los Angeles (USA) sous le nom de Convention révisionniste. Ce congrès eut l'originale et plaisante idée d'offrir un prix de 50 000 dollars à toute personne qui ferait la preuve que les nazis avaient mis au point des chambres à gaz pour tuer des juifs. Personne à ma connaissance, ne s'est présenté à ce jour pour recevoir ce prix. Ce qui ne laisse pas d'étonner quand on sait l'appât du gain qui caractérise la mentalité juive. Seule en effet une réelle et profonde compréhension de cette mentalité avait pu donner aux congressistes l'idée d'un tel concours. Mais, étant des adeptes fervents et convaincus de la bonne nouvelle, et sachant donc que les chambres à gaz ne sont rien d'autre qu'une mystification, les congressistes ne risquaient rien à faire miroiter un prix que la vérité saurait bien protéger de la concupiscence juive. Décidément cette récompense de 50 000 dollars était une riche idée...

Le congrès, donc, s'amuse. Mais il travaille surtout. Et M. Faurisson ne doit plus se sentir seul désormais. Des révisionnistes sont venus d'Angleterre, d'Allemagne, du Mexique et même d'Australie. Le congrès est organisé par l'Institute for Historical Review (Institut de révision historique). Il y a là quelques-uns des plus beaux fleurons de la science révisionniste: Austin App, Udo Walendy, John Bennett, Arthur Butz. Spotlight (l'équivalent américain de Minute), qui consacre à l'événement trois pages de son numéro du 24 septembre 1979, ne mentionne cependant ni Richard Harwood, ni Thies Christophersen, ni Manfred Roeder, qui sont pourtant, à en croire leurs publications, parmi les plus combatifs de la nouvelle cause. N'ont-ils pas parlé, ou étaient-ils absents ? Les a-t-on éloignés en raison même de leur virulence, peut-être un rien prématurée pour l'époque ? Qu'à cela ne tienne: si leur corps est absent, leur esprit ne l'est pas. Ainsi Arthur Butz, l'un des principaux orateurs du congrès, et l'auteur du livre de référence The Hoax of the XXth Century (L'imposture du XXe siècle), pour lequel M. Faurisson prépare une préface à l'édition française, a fait publier son ouvrage en 1976 par une maison d'édition britannique, l'Historical Review Press. On ne manquera pas de noter la ressemblance toute scientifique entre la susdite et l'organisme de tutelle du congrès. Cette maison d'édition est tout simplement celle du National Front, le parti anglais d'extrême-droite. La même maison avait, deux ans auparavant, publié, traduit en plusieurs langues et gratuitement distribué dans différents pays une brochure intitulée en français Six millions de morts le sont-ils réellement ? Richard Harwood, l'auteur de cette brochure, pouvait difficilement être présent à la convention révisionniste: ce nom n'est que le courageux pseudonyme de Richard Verral, membre du National Front et rédacteur en chef du journal de ce parti, Spearhead (Fer de lance).

Pierre Viansson-Ponté qui a, comme tant d'autres, reçu cette brochure, lui consacre sa chronique du Monde, le 17 juillet 1977, sous le titre « Le mensonge », avec ce commentaire « Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose ». M. Faurisson, expert en faux, réplique aussitôt par la rédaction d'un très long article au titre prometteur « Comment travaille le journaliste Viansson-Ponté » où il dénonce le jugement partisan d'un journaliste qui, selon lui, renouvelle dans sa chronique « l'expression de sa foi en l'horreur des camps de concentration et d'extermination ».

Autre grand absent du congrès, mais qui figure néanmoins dans le panthéon personnel de M. Faurisson: Thies Christophersen. Lui est Allemand, fondateur d'une publication néo-nazie, Bürger- und Bauerinitiative, et auteur d'une brochure également traduite, également distribuée gracieusement et copieusement en Europe (en France, par les bons soins du Combat européen). Ce texte définitif s'intitule le Mensonge d'Auschwitz . Je ne craindrai pas de dire en effet que cet ouvrage représente un témoignage d'une importance capitale. Christophersen y raconte son séjour à Auschwitz de janvier à décembre 1944 comme technicien affecté au travail du caoutchouc. ll décrit la vie joyeuse des détenus travaillant avec lui au camp de Raisko, à trois kilomètres d'Auschwitz, le rire rafraîchissant du lieutenant C., très aimé des détenus et dont beaucoup continuent jusqu'à aujourd'hui d'entretenir une correspondance avec lui. Les femmes se livrent à leurs recherches avec zèle et avec joie. Très élégantes dans leurs vêtements de détenues, grâce à leur linge, leurs bas, leurs souliers impeccables, elles sont aussi très coquettes. Rouge à lèvres, poudre, crème de soins: rien ne manque. « De mon temps, précise-t-il il n'y avait plus de juiveUdo Walendys tondues à Auschwitz. Je me suis laissé dire que cela avait eu lieu, mais que le spectacle était si effrayant que même les officiers SS les plus endurcis n'avaient pu le supporter. » Le reste de ce témoignage capital est de la même eau.

L'Allemagne est, malgré l'absence de Christophersen, bien représentée au congrès en la personne d'Udo Walendy, spécialisé, lui, dans le dépistage des photos utilisées comme preuve du génocide et qui ont été, bien évidemment, trafiquées. On trouve un assez bon compte rendu de ses thèses dans une brochure allemande largement traduite et distribuée - pardon pour la monotonie - intitulée la Rééducation d'un peuple. Il oppose à l'ignoble propagande alliée les propos sages et mesurés de Goebbels et corrige ainsi avec bonheur l'image injustement brutale qu'on avait donnée du ministre de la propagande du IIIe Reich plutôt connu jusque-là pour ses commentaires sans nuances sur « l'extermination de la merde juive », Walendy poursuit par une démonstration magistrale du truquage de photos et par la dénonciation du caractère antiscientifique des publications allemandes et communistes qui « ne se privent pas pour noircir l'histoire du IIIe Reich » et propager des mensonges infâmants sur de prétendues atrocités commises par les nazis.

L'honneur de l'allocution de clôture au congrès revint à Austin App. Chrétien de choc et rédacteur de The Voice of German Americans (La voix des Américains allemands), App dénonça avec force la rééducation imposée par les Alliés à la nation allemande, devenue esclave du communisme et du sionisme mêlés. Il rappela que jamais aucun Allemand n'avait perpétré un forfait comparable aux projets sanguinaires échafaudés par les Talnmudistes contre l'Allemagne chrétienne.

Mais auparavant, Robert Faurisson, décidément en train de devenir le spécialiste mondial de la technique du gazage, monta à la tribune pour faire une fois de plus, fort brillamment, la preuve de l'inanité de la thèse exterminationniste. Je gage que ce jour-là, entouré et applaudi par ses frères en révisionnisme, il s'est dit que, malgré les tracas et les insultes dont l'avaient gratifié ses compatriotes incrédules et ingrats, il avait bien fait de consacrer tant d'années de sa vie à la recherche aride de la vérité.

Au bout de trois jours, on se sépara à regret en promettant de se revoir bientôt et non sans avoir donné une charte au révisionnisme qui, entre autres « attendus », estimant que « l'escalade constante de la propagande sur l' "holocauste" diffusée par les media et les agences gouvernementales empoisonnait l'esprit du peuple américain, et particulièrement la jeunesse », pressa le Congrès des États-Unis d'Amérique de procéder sans plus tarder à de réelles investigations sur la Seconde Guerre mondiale, le rôle des intérêts bancaires en jeu, les vraies responsabilités engagées et la prétendue extermination de six millions de juifs. Pouvons-nous oser espérer qu'une session prochaine de la convention révisionniste se tienne en France ?

Les membres de l'Institute for Historical Review, réunis en Revisionnist Convention et publics par l'Historical Review Press, ont sur leur lancée fondé une revue qu'ils ont décidé d'appeler --il fallait y penser-- The Journal of Historical Review, dont le premier numéro est paru au début de 1980, consacré aux travaux du congrès et où figure, en bonne place, un article de l'expert Faurisson intitulé « The mechanics of gassing » (Le mécanisme du gazage).

Sur la première page consacrée par Spotlight à la convention révisionniste, un placard publicitaire signale trois ouvrages: l'un d'eux (anonyme) s'intitule Le mythe des 6 millions, le deuxième est le livre de Butz. Quant au troisième, Debunking the Genocid Myth (Déboulonner le mythe du génocide), il est de Paul Rassinier, dont le placard dit très exactement ceci: « Le professeur Paul Rassinier, historien et géographe socialiste, pacifiste, anti-nazi, pro-juif [pro-jewish], fut arrêté fin 43 et interné par les nazis en raison de ses activités dans la résistance française. Mais après la guerre, Rassinier ne put, en conscience, légitimer sur la base de sa propre expérience les récits d'horreur de nombreux déportés dans les camps. Il se mit alors à la tâche ingrate de dépistage de ce qui était vrai et de ce qui était faux ».

Lisant les oeuvres de Rassinier, mort en 1967, je ne suis pas absolument persuadée qu'il aurait apprécié d'être ainsi qualifié de « pro-juif ». Mais il n'eût sans doute rien trouvé à redire au reste du commentaire. Connaître Rassinier est indispensable si l'on veut comprendre le fonctionnement et les différents courants de la pensée révisionniste. Pas un auteur, en effet, parmi eux, qui ne s'en réclame et ne lui reconnaisse la paternité de cette pensée. Revenu de Buchenwald et Dora où il avait été interné pendant dix-neuf mois, Rassinier prend très vite la plume pour dénoncer violemment --dans Passage de la ligne, le Mensonge d'Ulysse, Ulysse trahi par les siens- le comportement des détenus communistes, à qui les SS avaient délégué leur pouvoir à l'intérieur du camp. Il en conclut avec une logique pour le moins discutable que les responsables des atrocités commises et de la mort infligée n'étaient donc pas les nazis, mais les communistes. Il fustige certaines descriptions inexactes de récits de déportés et déduit de ces inexactitudes que, si l'on a exagéré ou même inventé ici --en particulier à propos de chambres à gaz à Dachau--, on peut tout aussi bien l'avoir fait ailleurs. « Mon opinion sur les chambres à gaz ? Il y en eut: pas tant qu'on le croit. Des exterminations par ce moyen, il y en eut aussi: pas tant qu'on le dit ». Mais de toute façon, on n'a pas de preuve. Et si un jour les archives allemandes révélaient des documents « ordonnant la construction de chambres à gaz à tout autre dessein que celui d'exterminer --on ne sait jamais, avec ce terrible génie scientifique des Allemands-- il faudrait admettre que l'utilisation qui en a été faite dans certains cas, relève d'un ou deux fous parmi les SS (...) ». Il émet la supposition que les gaz en question aient servi à la composition de matières colorantes. Et il conclut « Bien entendu, ceci n'est qu'une supposition. Mais, dans l'Histoire comme dans les sciences, la plupart des découvertes n'ont-elles pas pris leur départ, sinon dans la supposition, du moins dans un doute stimulateur ?»

Proces Nuremberg

On verra plus loin sur quelles pentes ce doute stimulateur a entraîné Rassinier. Toujours est-il que l'accueil réservé à ses thèses, au sortir de la guerre, ne fut certes pas des plus chaleureux. Certains, pourtant, ne pouvaient manquer de se réjouir, tel Maurice Bardèche, devenu son éditeur, de l'inestimable caution que représentait, à ses yeux de fasciste conséquent, le témoignage d'un ancien résistant et déporté. On échangea des bons procédés: Bardèche publia Le véritable procès Eichmann ou les vainqueurs incorrigibles de Rassinier, où celui-ci écrivit que, sur les crimes de guerre, « en France et qui fussent dignes d'être cités, il n'y eut guère que les deux admirables livres de Maurice Bardèche: Nuremberg ou la Terre Promise et Nuremberg II ou les Faux-Monnayeurs ». Le premier de ces admirables livres, paru en 1948, commençait par une phrase que seuls des psychanalystes oseraient qualifier de dénégation « Je ne prends pas la défense de l'Allemagne » et poursuivait en des termes où l'on retrouvera sans peine quelques-uns des leitmotiv favoris de la pensée révisionniste « Je prends la défense de la vérité. Je ne sais si la vérité existe et même beaucoup de gens font des raisonnements pour me prouver qu'elle n'existe pas. Mais je sais que le mensonge existe, je sais que la déformation systématique des faits existe. Nous vivons depuis trois ans sur une falsification de l'histoire. Cette falsification est adroite: elle entraîne l'imagination, puis elle s'appuie sur la conspiration des imaginations. On a commencé par dire: voilà tout ce que vous avez souffert, puis on vous dit: souvenez- vous de ce que vous avez souffert. On a même inventé une philosophie de cette falsification. Elle consiste à nous expliquer que ce que nous étions réellement n'a aucune importance, mais que seule compte l'image qu'on se faisait de nous. Il paraît que cette transposition est la seule réalité. Le groupe Rothschild est ainsi promu à l'existence métaphysique. Moi je crois stupidement à la vérité. Je crois qu'elle finit par triompher de tout et même de l'image qu'on fait de nous ». Rassinier, qui ne voulait probablement pas être en reste, renouvela sa confiance à son fasciste éditeur et lui donna son nouveau manuscrit le Drame des juifs européens qui parut en 1964.

Saluant dans son introduction l'idée d'une Europe unie, capable de résister au bolchévisme, Rassinier remarque qu' « à Moscou, à Tel Aviv on avait, dès son premier souffle senti que ce vent venait de loin: s'il dégénérait en tempête, il ne pouvait manquer d'aboutir à une Europe unie qui eût signifié pour la Russie l'isolement et, pour Israël, la fin de ces subventions d'une importance vitale qui lui sont versées par l'Allemagne au titre des réparations (...) La contre-offensive ne se fit pas attendre: deux attaques aussi remarquablement synchronisées que si elles avaient été concertées et jumelées partirent en flèche de deux entreprises de fabrication et de falsification de documents historiques, l'une sous la raison sociale d'un Comité pour la recherche des crimes et des criminels de guerre dont le siège est à Varsovie, l'autre sous celle du Centre mondial de documentation juive contemporaine dont les deux plus importantes succursales sont à Tel Aviv et à Paris ». Troquant alors définitivement ses doutes stimulateurs pour des analyses historiques de grande envergure, Rassinier explique, parlant des juifs, que « ce n'est pas une race qu'ils représentent aujourd'hui mais un genre de vie et des aspirations, et ce n'est pas un problème racial qu'ils posent mais, l'état d'Israël ne le prouve que trop, d'ordre économique et social dans la mesure où, à l'abri d'une tradition d'essence religieuse, ils ambitionnent de s'ériger en une féodalité commerciale qui, ainsi qu'il a déjà été dit, coifferait le monde entier ».

Je comprends sans peine à lire ces lignes que les honorables congressistes de la convention révisionniste revendiquent Rassinier pour père fondateur de leur ordre. Je n'ai pas suffisamment étudié la question pour savoir si, à l'étranger, des personnes ou des groupes se réclamant de l'extrême-gauche ont clairement pris fait et cause pour les doutes stimulateurs de Rassinier et les bonnes nouvelles de Faurisson. Qu'en France il y ait à l'extrême-droite des gens pour se réjouir qu'on fasse enfin la lumière sur les mensonges et les escroqueries des juifs, rien que de très normal. Mais une maison d'édition traditionnellement d'extrême-gauche, La Vieille Taupe, que dirige un ancien militant de Socialisme ou Barbarie, Pierre Guillaume, vient de rééditer deux livres de Rassinier: Le Mensonge d'Ulysse en 1979 et Ulysse trahi par les siens dans les premiers jours de 1980. Quatre mois plus tard, le même éditeur publiait un volume de 350 pages sous le titre Vérité historique ou vérité politique ? Le dossier de l'affaire Faurisson. La question des chambres à gaz. Au dos de la on peut lire que l'auteur de ce livre, Serge Thion, est « entré dans l'action politique pendant la guerre d'Algérie et a participé, de façon concrète et critique, à de nombreuses entreprises anticoloniales ». J'ajouterai simplement que je connais Serge Thion depuis plusieurs années et que je n'aurais pas pris la peine de m'intéresser de près à la littérature révisionniste sans Ie choc qu'a constitué pour moi la découverte que des personnes que j'aimais et que je croyais connaître se trouvaient des affinités électives avec les thèses défendues par Rassinier et par Faurisson.

La page 7 du livre de Thion précise: « Ouvrage édité avec la participation et sous la responsabilité de... ». Suit une liste de sept noms. Rivarol qui, décidément, n'en rate pas une, cite deux personnes de cette liste: Jacob Assous et Jean-Gabriel Cohn-Bendit, dont les noms sont probablement censées ne pas manquer de résonances sémitiques aux oreilles exercées des familiers de ce journal. L'article en question, qui s'intitule finement « Les chambres à gaz, un dossier explosif » est le seul, à ma connaissance, qu'on ait à ce jour publié à propos du livre de Thion. On a vu où ses thèses ont conduit Rassinier. L'avenir dira si la voie qu'emprunte Serge Thion est, elle aussi, à sens unique. On verra où le mène la relève qu'il parait aujourd'hui revendiquer. Quant à J.G. Cohn- Bendit, qui se définit comme « juif d'extrême-gauche, libertaire pour tout dire », la « question de principe » qu'il proclame serait tout à son honneur et ne conduirait pas à s'interroger sur ce qui l'anime réellement si elle ne lui bouchait la vue au point de lui faire affirmer avec force que ni Rassinier, ni Faurisson ne nient le génocide perpétré par les nazis contre les juifs.

Face à la littérature révisionniste, plusieurs réactions. Certains refusent absolument de prêter la moindre attention à ce qui leur paraît n'être qu'une tentative pure et simple de réhabilitation du nazisme et leur semble en conséquence ne devoir être traité que par le mépris Ci le silence. Parmi ceux-là, nombreux sont ceux qui ajoutent que moins on parlera de cette question, mieux ça vaudra, que l'antisémitisme est trop dangereusement latent et les esprits trop prompts à l'amnésie pour qu'on ait le droit de faire la moindre publicité à de telles thèses --quand bien même ce serait pour les réfuter et les combattre. D'autres prennent la peine d'aller --ou de retourner-- au charbon, parce qu'ils estiment dangereux, pour la nouvelle génération en particulier, qu'il n'y ait personne en face des révisionnistes qui réponde à leur argumentation. Ils reprennent les documents suspectés par ces derniers et d'autres que ceux-ci ont « oublié » de mentionner, et s'emploient à montrer une fois de plus l'évidence et l'étendue du génocide.

Si j'ai, en pastichant Paul Veyne, sous-titré mon article d'un « Comment on révise l'histoire », c'est parce qu'il me semble nécessaire de montrer de quelle façon travaillent ceux qui se proclament révisionnistes et quel crédit on peut accorder à leurs protestations réitérées d'honnêteté et de bonne foi.

Les révisionnistes réclament à grands cris « un débat de technique historique ». Ils demandent qu'on se donne « les moyens d'élargir les sources » et qu'on fasse « largement connaître les résultats des recherches en évitant de leur donner un caractère de vérité officielle ». Qu'en termes respectables ces choses-là sont dites... Serge Thion qui s'exprime ainsi conclut d'ailleurs fort judicieusement son livre en reproduisant un article de Georges Wellers, directeur du Centre de documentation juive contemporaine, qui avait paru dans le Monde du 21 février 1979 à propos de Faurisson sous le titre « Un roman inspire ». Thion qualifie généreusement ce texte de « document d'une importance capitale ». Qu'on ne se méprenne pas sur une telle générosité. Ce qui vaut à G. Wellers les honneurs de la critique, ce n'est pas ce qu'il dit dans son article, mais le fait qu' « il ouvre enfin un débat de caractère scientifique entre les deux écoles historiques ». On voit ainsi le révisionnisme s'auto-promouvoir au rang d'école historique. « Pour la première fois, poursuit Thion, un spécialiste de l'école officielle --[entendez les exterminationnistes] -- affronte publiquement les arguments de l'école dite révisionniste. Voici donc une réponse qui contient des arguments discutables, c'est-à-dire des arguments qui peuvent faire l'objet d'une discussion. Pour la première fois, un historien ne se contente plus de l'argument téléologique ("où cela mène-t-il ?"), politique ("apologie du nazisme") ou même sentimental ("atteinte à la mémoire des morts"). Le débat s'élève au niveau de la discussion historique ».

apologie du nazisme

On respire donc enfin l'air libre et tonifiant des batailles rangées, loin des complots souterrains et des subjectivités encombrées d'affect. On s'affronte en un combat loyal dont les armes sont dignes des hautes exigences d'une déontologie sans faille. Pas une ligne de Serge Thion, dans son livre, qui ne dise sobrement mais avec force cette impérieuse nécessité d'une morale douloureuse parfois, mais toujours lucide.

Eh bien, je prétends, moi, que ce qui souffle sur ces fiers sommets, c'est du vent. Et je gage que Georges Wellers a dû être un rien estomaqué en voyant ce que Thion avait fait de son texte. Ce texte était en effet explicitement, et exclusivement, l'analyse des procédés employés par Faurisson et la dénonciation de la malhonnêteté flagrante dont celui-ci faisait preuve. Or, comme on vient de le voir, cette réfutation catégorique d'une méthode s'est miraculeusement transformée, sous la plume rigoureusement déontologique de Thion, en la discussion d'une thèse qui permet l'ouverture très attendue d'un débat scientifique. Ayant réalisé ce tour de passe-passe et espérant sans doute avoir fait du même coup la preuve de la reconnaissance officielle de l'école révisionniste, Thion ajoute, prophétique et un tantinet menaçant peut-être: « Rien ni personne ne pourra bien longtemps encore éluder un débat dont nous souhaitons qu'il se déroule avec le plus de sérénité possible ». Alors, naïvement, en désespoir de cause, on se dit qu'eux au moins ne vont pas éluder un débat qu'ils appellent ainsi de leurs vœux. Et on attend que Faurisson réponde à la « discussion » de Wellers. Bien naïvement en effet, puisqu'en fait le livre se termine là en expliquant qu'à la demande de l'intéressé, certains éléments du débat, et -- comme c'est étrange et quelle coïncidence -- précisément ce sur quoi portait la réfutation de Wellers, sont écartés de la discussion, afin que la primeur en soit laissée au procès intenté à Faurisson par la LICA. Quand on a, comme moi, peu de goût pour l'air pur et rare des sommets et qu'on fait son ordinaire d'une morale au ras des pâquerettes, on reste confondu devant tant de grandeur --et tant de talent.

La LICA, le MRAP et cinq organisations de déportés et de résistants ont en effet intenté à Faurisson un procès pour « falsification de l'histoire ». Je ne vois pas, pour ma part, qu'il y ait grand sens à recourir à la justice dans cette affaire et je préférerais qu'on laisse à M. Faurisson l'exclusivité d'une activité procédurière qu'il semble affectionner tout particulièrement, à en croire la liste impressionnante des actions qu'il a déjà ici et là intentées pour défendre son honneur et sa vertu.

On nous dit donc qu'il existe une école révisionniste et qu'elle brûle d'entamer un débat de caractère scientifique auquel le monde a droit et pour lequel « les temps sont mûrs ». Là encore, c'est du vent. L'expression même d'école révisionniste n'a aucun sens. On ne peut pas se dire animé des seules exigences de la déontologie scientifique et se donner en même temps explicitement pour tâche la dénonciation. On ne peut pas prétendre fonder une science et lui donner pour base une éthique du soupçon. On ne peut pas inaugurer une recherche dans laquelle la seule méfiance tienne lieu de certitude et le doute de conviction. On ne peut pas faire croire à l'objectivité de sa démarche et à la pureté de ses intentions en accusant sans cesse les autres des mensonges les plus graves et des manipulations les plus scandaleuses.

Puisqu'il s'agit ici d'histoire, imagine-t-on, par exemple, les historiens de l'École des Annales fondant leur démarche sur la délation des travaux de leurs prédécesseurs ? Connaît-on beaucoup de chercheurs qui introduiraient les résultats de leurs analyses par des déclarations tonitruantes sur leur besoin, leur souci, leur exigence, leur garantie de vérité ? Voit-on souvent des travaux de mise au point scientifique s'inaugurer par des dédicaces du type de celle de Thies Christophersen pour son Mensonge d'Auschwitz: « Ce récit est écrit pour tous les hommes qui aspirent à la vérité et à la justice, avant tout pour les jeunes qui sentent obscurément qu'on leur cache et qu'on leur déforme les vraies données de la Seconde Guerre mondiale » ou par des phrases du genre de celle que l'éditeur de La Vieille Taupe met en exergue au livre de Thion: « Ce qu'il y a de terrible quand on cherche la vérité, c'est qu'on la trouve » ?

Puisque je parlais des Annales, imagine-t-on Lucien Febvre, par exemple, annonçant la Vérité sur Philippe II et la Franche-Comté, ou Marc Bloch dénonçant bruyamment les Impostures de l'histoire rurale française, ou encore Georges Duby révélant au monde Ce qui s'est réellement passé à Bouvines. Non, n'est-ce pas. Eh bien, si on parcourt la liste des livres et articles commis par la brillante école révisionniste, on ne peut manquer d'y déceler comme une douloureuse hantise du vrai et du faux: le Mensonge d'Auschwitz -- l'Imposture du XXe siècle -- l'Escroquerie des six millions-- le Véritable Procès Eichmann -- le Mythe d'Auschwitz -- le Mensonge d'Ulysse -- l'Imposture des chambres à gaz -- la Vérité pour l'Allemagne -- Six millions reconsidérés: rapport spécial du comité pour la vérité en histoire -- Six millions de morts le sont-ils réellement ? et enfin, le dernier en date, celui de Serge Thion, Vérité historique ou vérité politique ? qui reprend explicitement le titre que Rassinier avait donné, en 1961, à une tournée de conférences qu'il avait faite en Allemagne et en Autriche sur ce thème.

Si ce n'est sans doute pas être au plus clair de son rapport à la vérité que de s'en prétendre inlassablement le défenseur, ce n'est décidément pas être très sûr de ses compétences scientifiques que d'y faire perpétuellement allusion. M. Faurisson a un péché mignon: il adore le papier à en-tête. Et si, du haut de ses exigences scientifiques, il dénonce avec vigueur les pratiques ignominieuses de l'université française qui censure en sa personne la voix libre et courageuse d'un chercheur non-conformiste, il ne dédaigne pas pour autant les nominations dont celle-ci l'a gratifié. Pas un texte, pas une lettre de lui qui ne rappelle tout d'abord qu'il est maître de conférences. Et comme la science ne saurait demeurer prisonnière des frontières des états, un certain Deutscher Arbeitskreis (Cercle allemand du travail) a eu l'heureuse idée de publier en 1978 la traduction allemande du texte de Faurisson d'abord paru dans Défense de l'Occident. Prudemment - -une prudence exclusivement inspirée, n'en doutons pas, par des scrupules d'ordre scientifique--, l'article français s'intitulait « Le problème des chambres à gaz ». En traversant le Rhin, les scrupules se changent miraculeusement en une belle assurance: le titre de l'article de Faurisson devient alors « Es gab keine Gaskammern » (« Il n'y a pas eu de chambres à gaz »). En guise d'introduction, le cercle en question rappelle à ses lecteurs que cet éminent professeur d'université compte au nombre des révisionnistes qui se consacrent avec dévouement et désintéressement à la vérité historique, tandis que les sionistes allemands et juifs (sic), pris de panique devant la marche inexorable de cette vérité, tentent en vain de perpétuer les abominables légendes des crimes imputés aux nazis, en récitant leurs litanies sur la haine raciale et autres prétendues horreurs. Pour information: tout comme la Bürger und Bauerinitiative de Christophersen, ou la Bürgerinitiative de Manfred Roeder, le Cercle allemand du travail distribue gracieusement et copieusement en Allemagne et à l'étranger toute une littérature du même acabit, qui cache (ma]) une Weltanschauung que seule une paranoïa juive aussi banale que mal venue pourrait qualifier de néo-nazie.

M. Faurisson lui, protégé par l'armure de sa morale scientifique, ne s'embarrasse évidemment pas de considérations aussi bassement partisanes. Mais, très noblement, il fait précéder son article d'un petit texte sur papier à en-tête de l'université de Lyon 2, dans lequel il précise, tout comme il l'avait fait dans Défense de l'Occident, qu'il ne cautionne pas les vues politiques de ceux qui le publient. Autrement dit, grâce à sa protection tous terrains ce distingué chercheur peut publier sa prose dans n'importe quel torchon néo-nazi sans crainte de voir suspectés ses auto-témoignages de moralité. Mais sans doute en Allemagne aussi n'y a-t-il eu personne sinon l'extrême-droite pour ouvrir ses colonnes au porteur de bonne nouvelle. Ah, certes, les temps sont mûrs, mais les temps sont durs. Pensez donc, avec tous ces escrocs qui s'accrochent à leur mensonge comme la misère au pauvre monde...

Pour que tout soit encore plus clair, M. Faurisson termine son préambule allemand en déclarant qu'il prend la responsabilité de son texte en son nom et en sa qualité de Privatdozent --maître de conférences-- de l'université de Lyon 2. Puis il conclut d'une main ferme en écrivant: « J'affirme ici qu'il n'a pas existé, sous Hitler, une seule chambre à gaz. Je persiste et je signe. Robert Faurisson ».

M. Faurisson a, comme on l'a vu, de la suite dans les idées. Mais il manque parfois curieusement de cohérence. Pour publier sa prose dans une feuille de chou néo-nazi, il se couvre lourdement de la garantie scientifique et morale que lui confère --à ses yeux du moins-- son appartenance à l'université Mais il proteste avec la dernière énergie, et ses défenseurs avec lui, lorsque ladite université lui conteste le droit d'utiliser cette caution et lui manifeste sa réprobation. M. Faurisson contraint implicitement l'université à répondre de lui, mais lui ne saurait en rien être contraint à répondre devant la même université. M. Faurisson se reconnaît le droit le plus absolu d'utiliser le papier à en-tête de son université pour abreuver le monde de ses révélations. Mais il ne supporte pas qu'un autre en fasse autant pour lui dire cc qu'il pense de telles révélations. Recevant une lettre d'injure signée, sur une feuille à en-tête de l'université Paris VI, il adresse au directeur de ce laboratoire une missive recommandée avec accusé de réception où il demande à celui-ci de bien vouloir lui faire connaître dans les meilleurs délais s'il compte parmi son personnel l'auteur de la lettre en question. Il ajoute: « Afin d'être en possession de tous les éléments qui permettront à l'affaire en cours de faire préciser les responsabilités de chacun, je vous demande également de me dire si ce maître- assistant avait sollicité votre autorisation pour l'emploi de ce papier à en-tête. Au cas où il n'en serait rien, quelle mesure entendez-vous prendre pour dégager la responsabilité, ici gravement engagée, de votre Laboratoire ? » Il termine sa lettre aux accents d'un refrain avec lequel on est maintenant, je pense, familier: « Il va de soi que mes demandes n'ont rien de comminatoire et qu'elles me sont, au contraire, dictées par le souci de rechercher la vérité et, en la circonstance, de vous permettre, s'il y a lieu, de vous désolidariser des insinuations et des menaces particulièrement graves que contient cette lettre ». Les menaces en question consistaient en une « rossée » que le maître-assistant s'offrait, épistolairement, à donner au maître de conférences qui ne l'a, je VOUS rassure tout de suite, jamais reçue. Mais comme il ne recevait pas non plus de réponse du directeur --absent, négligent, prudent, allez savoir--, il lui fit parvenir une deuxième lettre qui l'informait qu'il avait déposé une -« requête introductive d'instance auprès du Tribunal administratif ».

Les démangeaisons administratives de M. Faurisson ne paraissent donc l'affecter que sur le corps des autres. Attitude banale, certes, mais je ne peux me défendre d'une sorte de déception en constatant ainsi quelques failles dans la noble figure du grand Récureur.

Nombre d'auteurs révisionnistes inaugurent leurs écrits par une remarque autobiographique, d'ailleurs étrangement semblable d'un ouvrage à l'autre. Une certitude: on ne naît pas révisionniste. On le devient. Cette éclosion à la vérité au sortir de la gangue boueuse qui retient encore les dupes, Faurisson avait eu le bonheur de la vivre une première fois déjà, au sujet de Lautréamont. Parlant élégamment de lui- même à la troisième personne, et alors qu'il évoque le nombre impressionnant des victimes du canular, il note: « L'auteur du présent ouvrage doit reconnaître qu'il n'a pas failli à la règle générale; il se souvient d'avoir, pour sa part, gravement médité, à l'exemple de tant d'autres, sur le goût du sarcasme chez le comte de Lautréamont, sur son humour et sur le caractère, somme toute, pathétique des Chants de Maldoror. Et cela jusqu'au jour où il lui fallut se rendre à l'évidence: les Chants de Maldoror et les Poésies étaient l’œuvre d'un joyeux farceur ».

photo_1233234173074-1-0

Rapporté à la question des chambres à gaz, l'itinéraire est remarquablement identique qui dessine l'émouvante ascension d'un esprit humain à la révélation de la vérité par une totale reddition devant l'évidence. Arthur Butz raconte, lui aussi, dans les toutes premières pages de son Imposture du XXe siècle, comment « de même que tous les Américains dont l'opinion a été formée depuis la Deuxième Guerre mondiale, (il) pensait jusqu'à récemment que l'Allemagne avait fait subir au monde pendant la Deuxième Guerre mondiale une explosion particulièrement meurtrière. Ce point de vue avait régné sur l'opinion occidentale à partir de 1945 et même plus tôt et, comme tout le monde, (il) en avait accepté l'essentiel ». Dans sa préface au Mensonge d'Auschwitz de Christophersen, Manfred Roeder avoue que lui-même a cru à ces fables et il précise dans une lettre qui accompagne ce texte que « pendant des années, même, (il) a cru pratiquement tout ce que les journaux ont écrit sur ce Sujet ». Quant à Christophersen, qui sait mieux que personne à quel point tout cela n'est qu'un mensonge, il reconnaît avec une émouvante franchise qu'il était « tourmenté par des doutes. Lorsqu'on entend répéter de toutes parts les mêmes histoires, il est compréhensible qu'on finisse par les croire ».

Serge Thion entame à son tour son ascension loin du troupeau des dupes en écrivant: « Le commun des mortels croit sans doute comme je l'ai cru pendant longtemps que nous avons sur le sujet de la politique d'extermination nazie une vaste quantité de documents et d'informations véritables ». Bien évidemment, il n'en est rien. On se pose alors des questions Et « tout cela converge vers un ensemble de doutes lancinants qui incluent mais qui dépassent la seule question des chambres à gaz ». Dépassement qui n'empêche pas Thion de dénoncer un amalgame selon lequel « on suppose aux auteurs qui mettent en doute l'existence des chambres à gaz l'intention de mettre en doute toutes les autres horreurs beaucoup mieux connues et attestées ». Décidément toujours un tantinet menaçant, Thion poursuit: « Si l'on veut bien me reconnaître le droit de savoir, à moi comme aux autres, on ferait bien de ne pas mettre d'obstacle, de ne pas imposer de préalable à des enquêtes (...) ». Commentant un deuxième article de Viansson-Ponté dans le Monde du 3 septembre 1979 à propos des révisionnistes, intitulé « Le mensonge (suite) » et qui disait qu' « on peut s'étonner que les responsables de ces infamies ne soient pas identifiés et poursuivis: ils tombent sous le coup de la loi qui punit l'encouragement à la haine raciale », Serge Thion proférait avec mansuétude et sagesse: « La passion qu'il révèle en cette affaire est à mes yeux Parfaitement compréhensible. Je l'ai longtemps partagée et je la crois honorable. On peut néanmoins tenter de voir au-delà des limites, souvent étroites de l'irrationnel et de la passion ». En marchant d'un si bon pas, on ne devrait pas tarder à apercevoir l'Everest...

J'ai rapporté plus haut le bouleversant récit de l'odyssée auto démystificatrice de Faurisson. Il a cru, puis il a commencé à avoir des doutes. Alors il a cherché, avec acharnement. Et, n'est-ce pas, « ce qu'il y a de terrible quand on cherche la vérité, c'est qu'on la trouve ». Par un très providentiel hasard, le début de sa conversion, qui date de 1960 et de sa lecture de Rassinier, coïncide exactement avec ce qu'il appelle dans son article du Monde « la révision déchirante » de l'école exterminationniste. Je vois ça d'ici, tout en couleurs et cinémascope: on projetterait sur deux écrans panoramiques, en simultané, la conversion du héros et la conversion de la science à la bonne nouvelle enfin entendue.

On a déjà compris que les révisionnistes ne s'embarrassaient pas --c'est le moins qu'on puisse dire-- d'un langage rigoureux et mesuré. La révision déchirante dont il est ici question consiste en quelques lignes envoyées en 1960 au journal Die Zeit par Martin Broszat, collaborateur de l'Institut d'Histoire Contemporaine de Munich, à la suite d'un article précédemment paru dans le même journal qui mentionnait à tort des chambres à gaz au camp de Dachau. La lettre de Broszat rappelait que l'extermination massive des juifs par les gaz n'avait eu lieu qu'en certains endroits destinés à cet effet et particulièrement à Auschwitz, Treblinka et les autres camps situés en Pologne. La même lettre se terminait par une mise en garde contre ceux qui se servent d'informations exactes en les sortant de leur contexte pour les utiliser de manière polémique. Martin Broszat ne croyait pas si bien dire puisque, des années plus tard, ces quelques lignes de mise au point dans un journal devenaient, sous la plume rigoureuse et mesurée de M. Faurisson, une nouvelle surprenante, une révision déchirante annoncée par Broszat à ses compatriotes ébahis .

J'ai dit plus haut que je reviendrai sur le titre de l'article de Faurisson qui fut publié par le Monde en décembre 78: « Le problème des chambres à gaz » ou « la rumeur d'Auschwitz ». Trois remarques. La première: les deux expressions sont mises entre guillemets. Un bon révisionniste se doit en effet de savoir manier habilement ces petits crochets, souvent fort utiles. S'il vous arrive quelque jour d'avoir sous les yeux un texte de Faurisson, vous constaterez que pas une seule fois les mots de génocide ou de chambre à gaz ne sont écrits sans guillemets. M. Faurisson qui, s'il a des lettres, a aussi des sciences, gage sans doute qu'il en va du lecteur du Monde comme du chien de Pavlov et, qu'après avoir eu un certain nombre de fois sous les yeux ces mots ainsi enrobés, celui-ci, docilement conditionné, opérera de lui-même la distance un rien soupçonneuse imprimée par des guillemets somme toute plus discrètes que l'emploi trop fréquent, par exemple, du mot « soi-disant ».

Deuxième remarque: les deux expressions sont donc mises entre guillemets, mais seule la première (le problème des chambres à gaz ») renvoie à une référence bibliographique au bas de l'article. La deuxième expression (« la rumeur d'Auschwitz ») ne renvoie, elle, à aucune note, à aucune référence. Mais, également mise entre guillemets, elle bénéficie en quelque sorte par glissement du crédit théoriquement conféré à la première expression par sa référence en bas de page. Jouer avec les guillemets est pratique courante lorsqu'on est lycéen. On invente des citations bidons, on prête à de grands auteurs des phrases qu'on vient d'inventer. Pour ma part, j'avais plutôt le penchant inverse: j'accommodais volontiers mes citations de phrases empruntées à tel ou tel, en « oubliant » d'indiquer par des guillemets que la citation n'était pas de moi. Ce qui me valut un jour, écrit au stylo à bille rouge dans la marge de ma copie, juste en face d'une phrase dont mon professeur ne pouvait pas nécessairement deviner qu'elle était de Malraux, ce commentaire délicieusement pédagogique: « Intéressant mais mal exprimé ». Je crois avoir abandonné ce procédé à la fin de la classe de seconde. Mais jouer avec les guillemets lorsqu'on est maître de conférences est peut-être un peu moins innocent.

Edgar Morin écrivit, il y a quelques années, un livre intitulé La rumeur d'Orléans qui analysait comment, dans cette ville, des commerçants juifs avaient été récemment accusés par la rumeur publique d'attirer dans leur arrière-boutique des jeunes fillesLa rumeur d'Orléans qui disparaissaient de là dans le néant de lubricités lointaines. Rumeur condamnable certainement aux yeux de M. Faurisson. Comme l'est toute rumeur, non foncée, démasquée. Comme l'est... CQFD... la rumeur d'Auschwitz. Deuxième glissement, de 180 degrés cette fois. Je gage en effet -- soupçonneusement, est-ce que la pensée-- Faurisson serait en train de déteindre sur moi -- que celui-ci avait présent à l'esprit le mensonge d'Orléans lorsqu'il concoctait son titre sur le mensonge d'Auschwitz. Mais quel raffinement dans ce passage invisible d'une rumeur portée contre les juifs à une rumeur portée par les juifs... Outil de base de la méthode révisionniste le glissement est certes un procédé usé jusqu'à la corde, mais quand il s'agit d'ouvrir les yeux du monde à l'indispensable vérité, la fin, n'est-ce pas, justifie les moyens.

Troisième remarque à propos du titre de l'article de Faurisson: la première partie de ce titre (« le problème des chambres à gaz ») dit exactement ceci: « L'expression est d'Olga Wormser-Migot (Le Système concentrationnaire nazi, thèse PUF, 1968) ». Le toutou de Pavlov est alors censé se dire: « Diable, si l'auteur d'une thèse de doctorat sur le système concentrationnaire nazi parle des chambres à gaz en terme de problème, c'est bien qu'il doit y avoir là-dessus de sérieux doutes ». Esprit libre et non-conformiste, M. Faurisson ne dédaigne pas, lorsque les circonstances l'exigent, de se ranger courageusement sous la haute autorité de l'université française dispensatrice de doctorats d'État.

Le Monde n'ayant pas eu la générosité de Défense de l'Occident, Faurisson a dû proposer au quotidien une version abrégée de son texte. N'y figure pas, entre autres, la phrase suivante: a Il faut attendre la page 541 de la thèse d'Olga Wormser-Migot sur Le système concentrationnaire nazi, 1933-1945 pour voir apparaître un développement sur les "chambres à gaz« ». Le zèle démystificateur avec lequel M. Faurisson s'est précipité à la page 541 lui a malencontreusement fait oublier de lire l'introduction de la thèse d'Olga Wormser- Migot où, dès la page 9, celle-ci précise clairement que son étude porte très exactement sur « l'élaboration et l'application des normes de la vie concentrationnaire par ceux-là mêmes qui l'ont conçue ». Elle ajoute en toutes lettres: « Aussi ne sera- t-il pas traité de la Solution finale en elle-même ». Le problème des chambres à gaz qu'elle évoque en effet très brièvement à la page 541 concerne exclusivement les camps de Ravensbruck et de Mauthausen pour lesquels elle met en doute qu'une chambre à gaz y ait existé. Tout le monde ne partage pas ce doute. Et Olga Wormser-Migot précise elle-même dans une lettre au Monde parue le 6 décembre 1978 qu'il ne faut surtout pas « pratiquer l'amalgame d'une contestation vieille de neuf ans (contestation qui porte non sur les objectifs et les résultats de l'extermination dans certains camps de l'Ouest, mais sur les modalités de cette extermination), et les élucubrations malfaisantes des écrivains révisionnistes ». Je gage que, tout comme Georges Wellers, Olga Wormser-Migot n'a pas dû savoir apprécier à sa juste valeur la rigueur intellectuelle avec laquelle Faurisson s'est servi de ce qu'elle avait écrit sur « le problème des chambres à gaz ».

Continuons un instant d'étudier quelques aspects techniques de la méthode rigoureusement scientifique et foncièrement éthique employée par M. Faurisson. Certains noms reviennent très souvent sous sa plume, en particulier ceux de « témoins » dont les « confessions », les « témoignages » ou les « documents » sont à accueillir bien évidemment avec la plus grande réserve. Trois d'entre eux ont droit à un examen qui se prétend détaillé. Il s'agit de Höss, commandant d'Auschwitz, de Gerstein, ingénieur et membre de la SS, et de J.P. Kremer, médecin SS à Auschwitz. Nous en reparlerons.

Mais tout le monde n'a pas droit à un tel honneur. Ainsi, par exemple, l'index des noms propres qui figure à la fin du livre de Thion indique six mentions du nom de Miklos Nyiszli. Juif hongrois déporté à Auschwitz en mai 1944, Nyiszli fut --en raison de sa spécialité: il était médecin-légiste-- sélectionné pour les travaux de dissection que nécessitaient les études anatomo-pathologiques auxquelles se livrait le SS Mengele, médecin-chef du camp, en particulier sur les jumeaux. L'indiscutable avantage d'Auschwitz sur le plan scientifique résidait en ce qu'il permettait, lorsqu'on avait sous la main deux jumeaux vivants, de les mettre à mort en même temps et de procéder aussitôt à des autopsies pleines d'enseignement. Sa fonction permit à Nyiszli d'assister à différents épisodes de la vie du camp et, notamment, aux opérations successives qui menaient les juifs, vivants, de la rampe où arrivaient les convois jusqu'à la chambre à gaz, puis, morts, de la chambre à gaz au four crématoire. Il raconte tout cela en détail dans un témoignage écrit en 1946 et publié en français depuis, en 1951, par les Temps Modernes.

Dans Vérité historique ou vérité politique ?, Nyiszli est donc nommé six fois --une fois par Thion, cinq fois par Faurisson. Or, pas une seule fois, il n'est dit de lui quoi que ce soit. Les six fois, seul son nom est mentionné --et toujours dans une énumération, toujours en compagnie de Höss, de Gerstein, de Kremer, ou d'autres. Ainsi, à la page 76, Faurisson parle de ce qu'il savait « de précis sur les "documents" de Höss ou de Gerstein, sur les "témoignages" de Nyiszli et consorts ». Lorsqu'il referme le livre de Thion et Faurisson, le lecteur ne sait absolument rien de Nyiszli. Mais il a six fois lu son nom dans une liste d'auteurs de « documents » ou de « témoignages » on ne peut plus suspects. Six fois, ce n'est peut- être pas tout à fait assez pour le convaincre de ce qu'il faut penser de ce « témoin » Mais c'est probablement suffisant, selon les canons de la déontologie faurissonnienne, pour que le brave toutou, qui fait encore partie du commun des mortels et croit donc, à la différence de Thion désormais, qu'on dispose sur la question du génocide de documents vérifiables, commence à se dire que, tout compte fait, ce n'est peut-être effectivement pas le cas et que n'est-cc pas, si ce M. Faurisson qui a l'air bien honnête, ma foi avec son papier à en-tête et ses dix-huit ans de travail assidu, explique en passant qu'on sait bien ce qu'il faut penser des « témoignage de Nyiszli et consorts », alors peut-être, après tout vu que ce M. Faurisson, il a l'air de connaître à fond son sujet de savoir de quoi il parle, etc.

Solliciter, manipuler, glisser, amalgamer, c'est bien. Mais tronquer, parfois, c'est encore mieux, surtout si on a l'intelligence d'accompagner la manœuvre d'une référence bibliographique en Las de page destinée à servir de caution morale et scientifique. Faurisson, qui veut donc prouver à tout prix qu'il n'y a pas eu de chambre à gaz dans les camps nazis, cite dans sa lettre au Monde du 16 janvier 1979 le journal tenu par Johann-Paul Kremer médecin SS, lors de son séjour à Auschwitz. Celui-ci rapporte, à la date du 18 octobre 1942 qu'il a, pour la onzième fois, assisté à une action spéciale. Faurisson, à qui on ne la fait pas et qui s'y entend comme personne quand il s'agit de décrypter un texte, décide cette a action spéciale », que les exterminationnistes s'obstinent à prendre pour un gazage massif, désigne en fait tout bonnement des exécutions de condamnés à mort. Condamnés par qui, quand, pourquoi ? Ça n'a pas d'importance. Il écrit: « Parmi les condamnes se trouvent trois femmes arrivées dans un convoi de Hollande: elles sont fusillées ». Cette phrase est accompagnée d'une note, très impressionnante, qui montre le sérieux du travail de M. Faurisson La note consiste en une référence bibliographique qui dit exactement ceci: « Auschwitz vu par les SS, édit. du musée d'Oswiecim 1974, p. 238, n. 85. » Peut-on imaginer souci plus scrupuleux de la référence, de la précision, de la garantie scientifique ? Et puis peut-être M. Faurisson se dit-il en passant qu'il serait quand même plutôt étonnant qu'il se trouve, parmi les lecteurs du Monde, des gens qui possèdent un tel livre, publié si loin de l'hexagone, derrière le rideau de fer. Malheureusement pour M. Faurisson et son admirable honnêteté, ce livre je l'ai sous tes yeux. Et la note 85 de la page 238, qui rapporte le procès-verbal de l'interrogatoire de Kremer en 1947, dit bien en effet que trois Hollandaises ont été fusillées ce jour-là. Mais le texte de la note à laquelle renvoie M. Faurisson est très exactement celui-ci: « Lors de l'action spéciale que j'ai décrite dans mon journal à la date du 18-10-1942, trois Hollandaises ne voulaient pas entrer dans la chambre à gaz et suppliaient de leur laisser la vie sauve. C'étaient des femmes jeunes, en bonne santé, malgré cela leur prière n'a pas été exaucée et les SS qui participaient à l'action les ont fusillées sur place ». Les temps sont décidément bien difficiles et c'est la mort dans l'âme, à n'en pas douter, que les Évangélistes se trouvent acculés à recourir à des tripatouillages de ce genre pour mener à bien leur entreprise de conversion mondiale.

On a contemplé les hauteurs sur lesquelles se mouvaient les nobles exigences de la déontologie révisionniste. On a pu ensuite admirer au passage quelques-uns des procédés utilisés en rigoureuse application de cette déontologie. Tâchons maintenant de pénétrer plus avant au coeur même de la doctrine. Dans le « complément » cité plus haut, M. Faurisson énumérait les sept conclusions de trente ans de recherches qui forment les sept piliers de la sagesse révisionniste Il en donne la substance dans son article de Défense de l'Occident en affirmant à propos du génocide et des chambres à gaz qu' « il suffit d'appliquer à ces deux problèmes les méthodes de routine de la critique pour s'apercevoir qu'on se trouve devant deux mythes qui, d'ailleurs, forment un ensemble indissociable. L'intention criminelle qu'on prête à Hitler n'a jamais pu être prouvée. Quant à l'arme du crime, personne, en fait, ne l'a jamais vue ». Déjà lorsqu'il parlait de Lautréamont, M. Faurisson révélait d'évidentes dispositions pour les enquêtes policières difficiles, dans lesquelles seul un œil de lynx rompu aux exercices de la démystification pouvait déceler la vérité là où, aveuglée par une tradition fumeuse, la crédulité publique ne voyait que du feu. Avec une clairvoyance non dépourvue d'amertume, il notait dans sa thèse que « notre époque est au moins aussi crédule que celles qui l'ont précédée » et que « certains mythes sont sacrés. Même en littérature et en histoire on court quelque risque à vouloir démystifier ». Il indiquait alors en passant que « la Seconde Guerre mondiale a suscité des mythes (...) extravagants, mais il ne fait pas bon s'y attaquer », Mais Robert Faurisson, on le sait, n'est pas homme a se laisser arrêter dans son entreprise d'évangélisation. Et puis, quoi, on n'échappe pas à son destin. Le spécialiste français du décapage de textes devait bien, un jour ou l'autre, s'attaquer à la plus vaste entreprise de mystification de tous les temps. Serge Thion décrit très bien la force irrésistible de cet appel du destin, lorsqu'il commente: « Ce qui est certain, c'est que cc souci de prendre les textes au ras des mots ne pouvait manquer d'amener Faurisson à travailler sur des textes, littéraires ou non, liés à certains événements cruels de notre époque et à proposer de les récurer à l'aide de sa méthode Ajax. Que l'on accepte ou non d'y voir une manière propre à jauger et à juger entièrement d'un texte, le simple bon sens suffit à y voir en tout cas un préalable dont l'intérêt est évident: il faut commencer par lire les textes pour cc qu'ils se donnent avant de les interpréter ». On verra sans tarder à quelles éblouissantes démonstrations conduit le « simple bon sens » dont Faurisson et Thion se déclarent les adeptes convaincus, lorsqu'il s'applique aux documents nazis lus « pour cc qu'ils se donnent ».

Quittant Lautréamont pour le prétendu on abandonne le commissariat de quartier pour le Quai des Orfèvres. On y reconnaît la silhouette familière du commissaire Maigret, armé de sa bonne vieille pipe et de son simple bon sens. « L'intention criminelle », pas de preuve. « L'arme du crime », on ne l'a pas retrouvée. La règle fondamentale de la démonstration révisionniste est fort simple: toute preuve de l'extermination massive des juifs dans les chambres à gaz est irrecevable.

Du côté des nazis d'abord. Faurisson a énoncé il y a un certain temps déjà ce qui fait le credo de sa doctrine: « Jamais Hitler n'a ordonné (ni admis) que quiconque fût tué en raison de sa race ou de sa religion ». Si cette affirmation incontestablement audacieuse semble ne pas gêner outre mesure les révisionnistes américains, anglais ou allemands, elle n'a pas été sans provoquer quelques remous en France parmi les défenseurs de Faurisson. Pierre Guillaume, par exemple, dans une lettre envoyée au journal Libération jamais publiée, mais Dieu merci intégralement reproduite dans le livre de Thion --je frémis rétrospectivement à la pensée qu'un tel chef- d'œuvre aurait pu tomber dans l'oubli -- raconte les affres que lui-même et ses amis connurent à cause de cette fameuse phrase: « J'avais rencontré le professeur Faurisson fin novembre. J'ai trouve un homme désespéré et sur le point de s'enfermer définitivement dans un délire paranoïaque caractérisé, bien que très explicable. J'ai aussi trouvé un homme possédant à fond son sujet (200 kg de documents de travail, représentant le dépouillement de plusieurs tonnes de textes) et dont les travaux allaient très au-delà, mais dans le même sens que les thèses de La Vieille Taupe (...). Mes forces ne suffisant plus à la tâche, et notamment mes forces caractérielles (j'étais moi-même sur le point de craquer), il devenait vital pour le développement de la situation d'obtenir de l'appui et donc d'obtenir l'accord de tous sur un même texte, sans concession ni double pensée. Ce texte devait donc intégrer la fameuse phrase qui semblait rendre Faurisson indéfendable: "Hitler n'a jamais ordonné l'exécution d'un seul Juif par le seul fait qu'il fût juif" [je fais respectueusement remarquer aux futurs archivistes du révisionnisme que la formulation reprise ici par Pierre Guillaume est sensiblement différente du credo originel: il y manque en particulier le mot « admis », auquel Faurisson semblait tenir] en montrant que cette phrase était strictement vraie, même si Hitler se foutait pas mal de ce que devenaient les Juifs en pratique. Ce faisant, je prouvais en pratique que j'étais prêt à suivre Faurisson jusqu'au bout (...). Se sentant soutenu, Faurisson recommença à s'alimenter normalement, et ses symptômes paranoïaques disparurent complètement » Avouez qu'il eût quand même été dommage qu'un tel texte se perdit.

Quant a Serge Thion il semble, l'espace d'un paragraphe, perdre un peu de la noble assurance qui l'anime tout au long de son livre, lorsqu'il écrit: « Cette phrase me parait au moins maladroite puisqu'elle est ambiguë. Même si l'on peut démontrer qu'elle recouvre une certaine vérité formelle, il n'en reste pas moins plus que probable qu'Hitler, comme d'ailleurs d'autres responsables politiques et militaires, devait fort bien admettre que les Juifs, et les autres minorités non hostiles, non belligérantes, comme les Tziganes ou les homosexuels, meurent en grand nombre du fait des persécutions qu'ils subissaient ». La construction alambiquée de ces « au moins, puisque, même si, il n'en reste pas moins plus que, comme d'ailleurs » tient peut-être au fait que la conversion de Thion à la bonne nouvelle est en cours et n'a donc pas encore acquis la mâle assurance des accents faurissonniens.

Hitler, donc, n'a jamais ordonné (ni admis)... Pourtant, diront quelques exterminationnistes, dans son discours annuel de 1939, le 30 Janvier, il annonçait que « si la juiverie internationale réussissait en Europe, ou ailleurs, à précipiter les Hitlerpeuples dans une guerre mondiale, le résultat n'en serait point une bolchévisation de l'Europe et une victoire du judaïsme, mais l'extermination de la race juive en Europe ». Extermination disait-il. Mais attention, j'emprunte cette traduction à Léon Poliakov qui est, comme le rappelle fort à propos Arthur Butz, « un propagandiste juif professionnel » et l'un des « cinq principaux mythologistes de l'extermination ». Hilberg, c'est vrai, traduit de son côté ce terme par le mot anglais d'« annihilation ». Mais Hilberg, auteur d'un ouvrage de référence aux yeux des exterminationnistes (The Destruction of the European Jews -- La destruction des juifs européens) fait également partie du quintette justement dénoncé par Butz. Mais alors, reprennent les exterminationnistes, stupidement, aveuglément acharnés à démontrer qu'Hitler a pu admettre qu'on tuât un juif parce qu'il était juif, reportez-vous à l'original: le mot prononcé par Hitler était « Vernichtung ». Mais là encore, je dirai: attention. Étiez-vous présent lorsqu'Hitler a prononcé ce discours ? Sur quel texte vous fondez-vous pour affirmer avec une telle assurance qu'il a effectivement parlé de « Vernichtung » ? Comment savez-vous si ce texte n'a pas été revu, arrangé, trafiqué par les Alliés lorsqu'ils se sont emparés des archives allemandes ? Et puis, de toute façon, à supposer même qu'Hitler ait réellement prononcé le mot de « Vernichtung », cela ne prouve rien. Certains dictionnaires traduisent bien ce mot par « destruction » ou « anéantissement », mais aussi par « annulation » ou « résiliation ». Peut-être Hitler parlait-il en fait de places de théâtres achetées par des juifs, ou de contrats passés avec eux. Et peut-être l'annulation de la race juive signifiait-elle alors tout simplement dans son esprit l'annulation de ces places de théâtre ou la résiliation de ces contrats. Pourquoi toujours systématiquement aller chercher midi à quatorze heures, délibérément choisir une traduction qui penche en faveur de la mythomanie juive du pseudo-martyrologue et noircir, bien à tort, la mémoire de quelqu'un qui jamais n'a admis, etc.

Et puis, bon, mettons qu'il l'ait admise, cette « extermination » à laquelle vous avez l'air de tellement tenir -- Arthur Butz, avec un étonnement aussi navré que sincère, se demandait au congrès révisionniste comment il se faisait que les juifs, au lieu de se réjouir de la bonne nouvelle, semblent si mal supporter qu'on leur apprenne que les millions de morts en question sont en réalité bien vivants Drôle de mentalité, ces juifs, vous avouerez... Admettons donc qu'Hitler ait admis cette extermination. Il n'empêche qu'on n'a pas retrouvé un seul ordre écrit. Alors, qu'est-ce que vous avez à répondre à cela ? C'est vrai, reconnaissent piteusement les exterminationnistes, on n'a pas trouvé de lettre manuscrite ou dactylographiée sur papier à en-tête ou sur papier libre, signée de la main d'Hitler et adressée à Himmler par exemple, où des savants libres de tout esprit partisan, à la recherche de la seule vérité historique, pourraient lire quelque chose comme: « Cher Heinrich, veuillez exterminer tous les juifs que vous pourrez trouver. Merci. Bien à vous, Adolf ».

Un jour de désœuvrement, j'écrirai peut-être un « Savoir lire en révisionniste. Méthode en dix leçons ». Quand on cherche, comme M. Faurisson, midi à midi, quand on est comme lui passé maître (de conférences) dans l'art du sens et du contre-sens, on voit bien qu'il faut avoir l'esprit confus, retors et totalement dépourvu de bon sens d'un exterminationniste pour aller imaginer un génocide là où il s'est en fait tout bonnement agi d'une grande affaire de nettoyage. Darquier expliquait d'ailleurs fort bien comment à Auschwitz on n'avait gazé que des poux. Et Faurisson espérait que le témoignage de Darquier finirait quand même par faire comprendre au grand public que toutes ces histoires de chambre à gaz n'étaient que des mensonges éhontés. Dans les camps nazis, il s'agissait tout simplement de se débarrasser de la vermine. Himmler lui-même ne parlait pas autrement quand, le 24 avril 1943, devant des officiers SS, il expliquait qu' « il en va de l'antisémitisme comme de l'épouillage. Éliminer (« entfernen ») les poux ne relève pas d'une question de conception du monde. C'est une question de propreté. De la même manière exactement, l'antisémitisme n'a pas été pour nous une question de conception du monde. C'est une question de propreté ». Je ne sais pas si Himmler aurait compris Faurisson, mais Faurisson, lui, a compris Himmler. Il démontre magistralement qu'« on fait preuve de complète malhonnêteté quand on présente (...) comme "chambre à gaz" homicides les autoclaves destinés en réalité à la désinfection des vêtements par les gaz (...) Une autre forme de gazage a réellement existé dans les camps allemands: c'est le gazage des bâtiments pour y exterminer la vermine. On utilisait alors ce fameux Zyklon B autour duquel s'est bâtie une fantastique légende ».

Malheureusement pour les nazis, des rumeurs circulaient déjà, évidemment dénuées de tout fondement, sur le traitement infligé aux juifs déportés en Pologne. Et, avec la meilleure volonté du monde, il est un peu difficile d'accuser les juifs d'avoir propagé cette rumeur, parce que des juifs, à ce moment-là en Allemagne, il n'y en avait vraiment plus beaucoup. Une ordonnance du 9 octobre 1942 de la chancellerie du parti nazi décréta que « pour pouvoir s'opposer à toute formation de rumeurs à ce sujet, rumeurs qui prennent souvent un caractère tendancieux, les commentaires suivants sont donnés pour information sur la situation actuelle... ». Les nazis se montraient donc, dès cette époque, soucieux de combattre « la rumeur d'Auschwitz » (n'oubliez pas les guillemets) que M. Faurisson dénonce si fermement aujourd'hui. L'ordonnance poursuivait: « Le refoulement total, respectivement l'élimination des millions de juifs établis dans l'espace économique européen, est un impératif contraignant dans la lutte que mène le peuple allemand pour assurer son existence. En commençant par les territoires du Reich et en passant ensuite aux autres pays européens impliqués dans la solution finale, les juifs sont transportés de façon courante à l'Est dans de grands camps, en partie encore à construire, d'où ils sont, soit affectés au travail, soit emmenés encore plus loin à l'Est ». M. Faurisson, qui a compris la mentalité nazie tout aussi finement qu'il a démasqué celle des pseudo-victimes, ne croit pas que les Allemands aient éprouvé le besoin de camoufler leur langage et décide que, pour les nazis, comme pour lui, un chat était un chat. Il ne pense donc certainement pas que l'expression « emmenés encore plus loin à l'Est » puisse être un euphémisme de l'Amtsprache, le langage administratif utilisé par les nazis dans leur règlement de la solution finale. À propos, qu'est-ce que M. Faurisson comprend au juste de cc que signifiait la « solution finale » ? Il a, n'en doutons pas, très certainement une idée précise de ce lieu « plus loin à l'Est » où disparaissaient les juifs, lui qui fait preuve d'une science géopolitique implacable qui lui permet d'expliquer la liquidation du ghetto de Varsovie par le fait que « les Allemands redoutaient ce qui allait d'ailleurs se passer dans le ghetto de Varsovie où soudain, juste à l'arrière du front [c'est moi qui souligne], en avril 43, une insurrection s'est produite ». Armé du "simple bon sens" qu'il a, ainsi que Thion, reçu en partage, M. Faurisson prend les textes « pour ce qu'ils se donnent » et les nazis au pied de la lettre. Il sait, lui, qu'à la différence des Américains, des communistes, des juifs, etc., les nazis ne mentaient pas. D'où tient-il ce savoir ? Qu'importe. Les révisionnistes, qui s'y entendent comme personne à démêler le vrai du faux, ne croient pas un seul instant que les Allemands aient eu recours a un langage administratif destiné à camoufler l'entreprise d'extermination.

À la différence de M. Faurisson, Himmler croyait, lui, que les nazis avaient besoin de ce camouflage. Ainsi, quand le statisticien Korherr emploie l'expression Sonderbehandlung (traitement spécial) pour parler du million et demi de juifs déjà durchgeschleust (éclusés) par les camps, dans le rapport qu'il remet à Himmler au printemps 43, celui-ci commente: « Je considère cc rapport comme très bon en tant que documentation éventuelle pour les temps futurs, à savoir aux fins de camouflage. Actuellement, il ne doit être ni publié ni communiqué. Le plus important pour moi est, maintenant comme auparavant, que cette fois-ci on transporte autant de juifs à l'Est qu'il est humainement possible ». Mais il précise qu'il ne faut plus parler de Sonderbehandlung et que ce terme devra être remplacé dans la correspondance par celui de Transportierung (transport). Quelques mois plus tard, le même Himmler recevait à son tour une leçon de camouflage de la part du général Pohl, chef du WVHA -- Wirtschafts-Verwaltungshauptamt (Office central économique et administratif SS), à propos du camp de Sobibor, auquel on avait fait référence jusque-là dans la correspondance en parlant de Durchgangslager (camp de transit) -- Sobibor où, disent les exterminationnistes, 250 000 juifs au moins ont été gazés entre mai 42 et octobre 43. Ce camp était situé à trois kilomètres de la rivière Bug qui formait l'extrême frontière est des territoires occupés par les nazis. Vers où transitaient donc les juifs parvenus dans ce camp ? M. Faurisson qui sait, avec toute la rigueur de ses vues scientifiques, que les juifs mentent, mais que les nazis disaient la vérité, a probablement une explication de ce transit qui s'en tienne au pied de la lettre. Himmler, donc, écrit à Pohl pour proposer que le camp de Sobibor s'appelle désormais Konzentrationslager (camp de concentration). Mais le chef de l'Office central, dont dépendaient tous les camps nazis, répond par une lettre du 15 juillet 1943 qu'il faut continuer à désigner Sobibor comme camp de transit.

Mais du rapport Korherr, qui fait les comptes provisoires de la Sonderbehandlung, M. Faurisson ne parle pas. Il y a beaucoup de choses dont M. Faurisson ne parle pas. L'aurait-il égaré au milieu de ses deux cents kilos de documents ? Je gage plutôt qu'en dépit de son inépuisable et fertile imagination, il n'aura pas encore trouvé la faille qui lui permettrait de prouver que ce document est faux ou qu'on l'interprète mal ou que sais-je encore... Mais le « génocide » n'ayant pas eu lieu, tout document qui tendrait à prouver qu'il a existé doit pouvoir, un jour ou l'autre, être mis en défaut. Il suffit pour cela d'un peu de patience et d'ingéniosité. Butz lui-même, pourtant si habile à réécrire l'histoire dans le strict sens de la vérité historique, se contente de mentionner trois fois ce rapport en passant, et en le mettant chaque fois entre guillemets. Ce n'est évidemment pas terrible comme réfutation, mais faute de grives... Précaution de routine: il suggère qu'on peut mettre en doute l'authenticité du document -- ben, voyons -- puis il remarque que, même si ce document est authentique, il ne parle pas nécessairement d'extermination -- ben voyons. Il explique que le mot de Sonderbehandlung n'évoque quelque chose de très spécial qu'à des personnes non familiarisées avec la langue allemande, de même que special treatment permet en anglais toutes les interprétations possibles. C'est vrai, n'est-ce pas: lire que des centaines de convois entiers de juifs ont été « évacués » dans des « camps de transit » pour « traitement spécial », il n'y a vraiment pas de quoi fouetter un chat Le zèle démystificateur de M. Butz ne va malheureusement pas jusqu'à nous proposer une autre interprétation --la vraie, j'entends-- de ce traitement spécial. Mais jamais à bout de ressources, il explique qu'au sein de la CIA, par exemple, le mot termination peut, dans certains contextes, vouloir dire exécution ou assassinat, mais que rien n'empêche de décider éventuellement qu'il concerne tout simplement le licenciement d'une dactylo pour absentéisme. Quand je vous dis que leurs ressources sont inépuisables...

Reprenons un instant notre explication de textes faurissonnienne. La Endlösung der Judenfrage (solution finale de la question juive) n'est donc qu'une opération de nettoyage à l'échelle européenne. On met dans des wagons tous les juifs qu'on peut trouver dans une région. On expédie ces trains en direction de l'Est pour Evakuirung (évacuation), Aussiedlung (déplacement) ou Umsiedlung (réétablissement). Après quoi la région est déclarée judenrein gemacht (nettoyée de juifs) ou judenfrei (vide de juifs), au terme d'une Bereinigung der Judenfrage (liquidation de la question juive). La vermine risquant d'opposer quelque résistance à cette salutaire entreprise de nettoyage, dans l'intérêt de la sécurité permanente du peuple allemand, cette opération doit s'effectuer avec une rücksichloser Härte (une dureté sans ménagement). Les régions sont donc propres désormais. Mais les juifs ne le sont pas encore. Et puis on sait que, malheureusement, leur transport vers l'Est n'a pas toujours pu se dérouler dans les meilleures conditions d'hygiène. Aussi, à Auschwitz par exemple, dès leur arrivée sur le quai, on dirige la plupart d'entre eux -- les faibles, les malades, les vieillards, les enfants, tous ceux dont on sait bien qu'ils sont nécessairement les plus sales, mais aussi les hommes et les femmes en bonne santé quand le camp proprement dit renferme le nombre prévu de détenus -- vers des Badeanstalten (établissements de bains). La preuve irréfutable qu'il s'agissait bien de leur faire prendre une douche, et non -- qu'est-ce que vous allez encore chercher -- de les asphyxier par gaz, c'est que les pièces destinées à cet effet portaient bien en vue les inscriptions Wasch-u. Disinfektionsräume (salles de lavage et de désinfection). Puisqu'on vous dit qu'il s'agissait tout simplement de se débarrasser de la vermine. Un peu de bons sens, voyons...

Tout concorde donc parfaitement. Les lettres échangées ne signifient rien d'autre que « ce pour quoi elles se donnent »: on évacue, on nettoie, on envoie encore plus loin à l'Est. Il y a bien, par-ci, par-là -- mais M. Faurisson ne peut pas parler de tout à la fois, n'est-ce pas -- des textes qui paraissent résister malgré tout à la confondante simplicité du regard révisionniste. Une lettre du bureau D de l'Office central des camps, par exemple, autorise l'administration d'Auschwitz à envoyer un camion à Dessau pour une Abholung von Materialen für Judenumsiedlung (aller chercher du matériel pour le réétablissement des juifs). Dessau, c'est-à-dire la Dessauer Werke für Zucker und Chemische Industrie, c'est-à-dire encore l'une des deux usines qui fabriquent le Zyklon B dont l'histoire officielle prétend qu'il était utilisé pour gazer des humains. La lettre dit qu'on avait besoin de matériel produit par cette usine pour la Umsiedlung des juifs. Qu'à cela ne tienne: après tout, comme son nom l'indique --Zucker-- ladite usine fabriquait également du sucre. La voilà, l'explication: les nazis, craignant pour les déportés la fatigue du voyage, prenaient soin de remettre à chaque juif quelques morceaux de sucre à croquer pendant le trajet. Et après cela, il y en a qui osent se présenter comme des victimes, des survivants, des rescapés. Quel culot, tout de même. Bon, d'accord, l'histoire du sucre, c'est moi qui l'ai inventée. Mais comme je ne sais pas ce que M. Faurisson pense de ce camion chargé de matériel destiné à réétablir des juifs, tout en sachant désormais, grâce à lui, que les gazages sont une invention de la propagande, je me permets de me lancer à mon tour, avec une certaine audace, ma foi, dans la lecture révisionniste.

Timidement, un exterminationniste attardé demande: « Mais qu'est-ce que vous faites, par exemple, de la correspondance au sujet des camions à gaz ? » Et il cite la lettre du 15 juin 1942 qui rappelle qu'un transport de juifs, qui doit être soumis au traitement spécial, arrive chaque semaine au commandement de la Police et du service de la Sécurité de la Ruthénie blanche et que « les trois camions S. qui s'y trouvent n'y suffisent pas ». La lettre demande l'affectation d'un autre camion S. ainsi que « l'envoi de vingt tuyaux à gaz pour les trois camions S. en service (2 Diamond, 1 Saurer) car ceux que nous possédons ont déjà des fuites ». Réponse le 22 juin: un camion Saurer cinq tonnes sera disponible vers la mi-juillet et on fournira cent mètres du tuyaux. Des juifs, un traitement spécial, des tuyaux à gaz: de quoi pouvait-il donc bien s'agir ? M. Faurisson a sans doute une explication, mais il ne parle pas des camions à gaz. Il y a décidément beaucoup de choses dont M. Faurisson ne parle pas. Attendons, on ne sait jamais. Chaque chose en son temps.

L'exterminationniste continue, hanté par le visage de ses parents disparus --ou grassement rétribué par l'Agence juive allez savoir. Il rappelle les commandes de Zyklon B. les factures dé Zyklon B, les demandes urgentes de Zyklon B. Mais puisqu'on vous dit que c'était pour nettoyer les vêtements et les baraquements! Ainsi, lorsqu'on passait commande d'une porte à fermeture hermétique munie d'un oeilleton, en spécifiant qu'il s'agissait d'un ordre particulièrement urgent, c'était certainement pour pouvoir vérifier, par cet oeilleton, que le gazage des vêtements était bien terminé. Une simple affaire de vermine, on vous dit. Pas étonnant, dans ces conditions, qu'on se soit adressé pour cela au producteur de Zyklon B qu'était la Degesch --­Deutsche GeselleschaIt für Schädlingsbekämpfung (Société allemande de lutte contre la vermine).

L'exterminationniste poursuit, abasourdi, terrifié: il demande comment il se fait que les trois commandants des camps de Treblinka, Sobibor et Belzec ont tous participé auparavant à ce qu'on nomme, improprement, l'euthanasie des malades mentaux et des incurables. Improprement, parce que le programme nazi en question répondait, non au désir d'abréger des souffrances, mais à la nécessité nationale- socialiste d'une Vernichtung lebensunwerten Lebens (suppression de vie sans valeur de vie). Ce programme a permis la désinfection définitive par les gaz de près de cent mille Allemands débiles ou grabataires, et donc indignes de vivre. Sans doute la formation technique acquise lors de ce programme par les futurs commandants des camps polonais leur a-t-elle été d'un grand secours dans la désinfection des vêtements et des baraquements à Treblinka, à Sobibor et à Belzec. Mais, remarque l'exterminationniste, M. Faurisson ne mentionne jamais ce programme d'euthanasie. Il y a vraiment, vraiment beaucoup de choses dont M. Faurisson ne parle pas. Les révisionnistes ne paraissent pas contester l'existence d'un tel programme. Ils ne déclarent pas avec leur assurance coutumière que là aussi, il y a eu mensonge, imposture, escroquerie. À mon avis, ce doit être tout simplement parce que le lobby international des malades mentaux et des incurables n'a pas la puissance du lobby juif et qu'il est nécessaire, en cette époque de transition vers la vérité, de réserver ses forces pour des combats qui en vaillent la peine. Et puis, après tout, la maladie mentale n'est ni une race, ni une religion. On peut alors se dire qu'Hitler a pu admettre qu'on liquidât des malades mentaux parce qu'il étaient des malades mentaux. De toute façon, là aussi, il ne s'agissait que d'une simple affaire de nettoyage.

On a donc vu ce qu'il convenait de conclure de l'examen attentif des documents officiels de l'administration nazie. Serge Thion qui a « quelques lueurs sur le fonctionnement de la machine administrative allemande » estime qu'« il y a sans doute eu des gazages artisanaux, mais (que) la question des méthodes industrielles d'extermination n'est pas traitée d'une façon qui répondrait à toutes les questions que l'on est en droit de se poser sur le fonctionnement de toute autre entreprise industrielle, dans un autre contexte ». Pour éviter, à l'avenir, que les historiens s'abîment les yeux, à la lueur de leur science des administrations, à déchiffrer péniblement des textes insuffisamment explicites, MM. les futurs organisateurs de génocides sont instamment priés de déposer désormais dans les trois mois qui suivent la lin des exterminations entreprises une copie certifiée conforme de chacun des documents produits par l'administration de tutelle et afférant à l'exécution dudit génocide. M. Faurisson a dû éprouver un pincement de coeur en constatant qu'au lieu de lui emboîter sans réserve le pas sur la voie de l'inexistence des chambres à gaz, Thion, de manière toute rassinienne, décide --comment, pourquoi?-- qu' « il y a sans doute eu des gazages artisanaux ». Concession aux exterminationnistes, ou mesure de prudence ?

On imagine sans peine, je pense, que, si des documents datant des années de guerre font aussi peu la preuve d'une extermination des juifs par les nazis, ce ne sont pas les documents nés après la capitulation de l'Allemagne qui vont renforcer les positions déjà gravement chancelantes des exterminationnistes. Nuremberg ou la Terre Promise, écrivait Bardèche dès 1948. Chaque révisionniste conséquent se doit de reprendre cette analyse critique et cette condamnation radicale d'un procès inique, fait à des vaincus par des vainqueurs, pour le plus grand profit des amateurs de terre promise. La rumeur qui circulait en Europe et aux États-Unis pendant les dernières années de la guerre sur le génocide des juifs est devenue la pièce maîtresse du dossier de l'accusation. Nuremberg et les différents procès de criminels de guerre qui ont eu lieu depuis sont donc, aux yeux de M. Faurisson en particulier, en tous points semblables aux infâmes procès de sorcellerie du Moyen Age. « Rappelez-vous, dit-il, les « aveux », les « preuves », les « témoignages ». Une sorcière n'allait pas dire à un tribunal: « Vous savez bien que cela est faux, que le sabbat est une invention et les rencontres avec le diable une autre invention ». Elle aurait rencontré une incrédulité totale. Et pourtant elle aurait dit la vérité. Pour se défendre, il lui fallait, selon la vieille loi encore en vigueur, plaider le vraisemblable et non le vrai ».

La rumeur-légende avait bien évidemment besoin que des coupables répondent de ces crimes qui n'avaient pas été commis. On avait les vaincus sous la main. Mais comment auraient-ils pu, en conscience, témoigner d'un génocide qui n'avait pas eu lieu ? Faurisson qui a choisi la « confession » de Höss, commandant du camp d'Auschwitz, comme l'une des pièces maîtresses de sa démonstration s'emploie, avec les méthodes qu'on lui connaît maintenant, à faire la preuve du caractère « ébouriffant » de ce document. M. Faurisson a un faible pour l'adjectif « ébouriffant » qui lui sert aussi à qualifier la « confession » de Kramer, commandant du camp du Struthof. Je n'ai jamais rencontré M. Faurisson, mais j'avoue que la lecture attentive de son oeuvre littéraire et scientifique m'empêche absolument de me le figurer ébouriffé. Sans doute a-t-il eu, en dix-huit ans, le temps de se refaire une toilette après le choc qui lui a cause la découverte de ces « confessions » extorquées, souvent sous la torture, à des vaincus condamnés pour des crimes qu'ils n'avaient pas commis.

Une fois recoiffé, M. Faurisson, qui ne dédaigne pas d'ébouriffer à son tour le lecteur par le rappel tenace de l'étendue et de la minutie de sa recherche raconte comment il a « eu la chance de découvrir dans les archives industrielles allemandes rassemblées par les Alliés à Nuremberg des documents sur le Zyklon B ou acide cyanhydrique ». Ce que M. Faurisson a « eu la chance de découvrir dans les archives » (avouez qu'en lisant ces mots, vous vous représentez la somme ébouriffante de travail, de perspicacité, d'aventure même qu'il a fallu au distingué chercheur pour parvenir à ses conclusions définitives), n'importe qui peut en prendre connaissance en lisant Hilberg, qui a sans doute eu la même chance, ou, pour plus de détails, en consultant les documents industriels en question dans n'importe quelle bibliothèque spécialisée. Mais on sait maintenant à quel point le maître de l'esbroufe est soucieux d'éviter le moindre travail aux lecteurs du Monde ou de Storia illustrata. Lesdits lecteurs sont évidemment censés renouveler leur confiance au meilleur spécialiste européen du gazage, au vu de commentaires techniques dont l'assurance n'est que la légitime traduction de connaissances magistrales (pensez donc, deux cents kilos de documents...). J'indiquerai au passage que les documents en question sont tout simplement la liste des consignes à respecter pour l'usage domestique du Zyklon B: nettoyage et désinfection des maisons et des appartements. Mais, décrète notre maître ès-gazages, « ces deux longs documents, d'une importance capitale, non exploités (...) cotés NI--9098 et NI--9912 annihilent, sans réplique possible, le « témoignage » de Höss sur les « chambres à gaz ».

Les correspondances entre nazis qui euphémisent plus ou moins habilement sur l'extermination des juifs sont 1) pas nécessairement authentiques et 2) toujours à prendre au pied de la lettre, ce qui permet de confondre définitivement les talmudistes désespérément attachés à voir un génocide dans cette banale affaire de suppression de vermine. Quant aux documents industriels --dont M. Faurisson se garde, comme par hasard, de mentionner qu'ils concernent exclusivement les précautions à prendre (portes, fenêtres, clefs, tapis, rideaux, meubles, etc.) pour nettoyer son appartement --on est bien sûr prié de ne retenir qu'une évidence de bon sens des références chiffrées que balance le spécialiste sans aucune explication (NI--9098 et NI--9912, ça veut dire, en clair, Nuremberg, procès industriels, suivi du numéro sous lequel est enregistré le document en question): de tels documents, « d'une importance capitale, non exploités », discréditent, sans réplique possible, un « témoignage » qu'on a bien été obligé d'extorquer sous la torture puisqu'il concernait des crimes qui n'avaient pas été commis. Quand on vous dit que c'est sans réplique...

À ceux qui auraient du temps à perdre à démasquer en détail les démasqueurs, j'indique qu'il suffit de voir comment M. I Faurisson applique « les méthodes de routine de la critique historique » a tous les « témoignages », « aveux » et autres « confessions » des Gerstein, Kremer, Nyiszli et consorts.

Une fois débarrassées des soi-disant preuves extorquées aux vaincus, restent celles avancées par les prétendues victimes. Inutile de vous souffler ce qu'il faut en penser. Quand on s'est imprégné de la méthode de routine chère à Faurisson, quand on est, comme Thion, résolu à opposer un esprit « de sang-froid » aux « très étonnantes faiblesses » dont souffre le « credo universel » de l'histoire officielle, on voit tout seul ce qu'on peut attendre des dépositions de ces gens-là. Sans doute est-ce pour cette raison que M. Faurisson a, jusqu'ici du moins, négligé de faire passer les témoignages des survivants, forcément ébouriffants, au poigne fin de son détecteur de mensonges dont on a vu comment il avait brillamment confondu les « preuves » tirées des dépositions des accusés. Il tirerait des larmes n'est-ce pas, le brave homme, au plus endurci des exterminationnistes, lorsqu'il raconte comment il a « cherché, mais en vain, un seul ancien déporté capable de (lui) prouver qu'il avait réellement vu, de ses propres yeux, une « chambre à gaz ». Descartes et saint Thomas marchant main dans la main au milieu des monceaux de mensonges... Dois-je redire encore une fois qu'il y a des masses de choses dont M. Faurisson ne parle pas. Il ne mentionne jamais, par exemple, les dépositions faites lors des différents procès par les survivants des Sonderkommandos (commandos spéciaux), qui étaient chargés de vider les chambres à gaz, de transporter les cadavres jusqu'aux fours crématoires, de brûler les cadavres, de nettoyer les chambres à gaz pour la prochaine opération, etc. Un ancien membre du Sonderkommando d'Auschwitz a, parmi d'autres, raconté comment il avait réellement vu, de ses propres yeux, une chambre à gaz. Son nom: Dov Paisikovic. Mais

  1. il est juif -­il avait donc tout intérêt à accuser les nazis de crimes imaginaires;
  2. après la guerre, il est allé vivre en Israël, patrie par excellence de l'imposture du XXe siècle;
  3. il est mort depuis, et M. Faurisson ne peut donc le rencontrer;
  4. la description détaillée qu'il donne du fonctionnement des chambres à gaz est en fait sa déposition, le 17 octobre 1963, au procès d'Auschwitz --et on sait ce qu'il faut penser de Nuremberg et des procès qui ont suivi;
  5. on témoignage est cité dans un petit livre paru en français dans la collection Archives chez Julliard, sous le titre Auschwitz.

Or l'auteur de ce livre n'est autre que Poliakov dont on sait maintenant ce qu'il vaut. Grâce à Butz (voir plus haut) et à Rassinier qui analyse avec toute la sévérité requise les analyses des pertes juives par pays telles qu'elles ont été « mises en forme par la bande Poliakov ». Je gage que la récente parution en français du témoignage d'un autre membre du Sonderkommando d'Auschwitz, Filip Müller, Trois ans dans une chambre à gaz d'Auschwitz, ne va pas manquer d'exciter l'inaltérable soupçonnite de M. Faurisson.

La règle fondamentale de l'argumentation révisionniste -- toute preuve de l'extermination massive des juifs dans les chambres à gaz est irrecevable-- s'accompagne donc nécessairement d'un indispensable complément: toute preuve de ladite extermination est irrecevable en soi. Un document datant de la guerre est irrecevable parce qu'il date de la guerre. Ainsi un texte de l'administration nazie --ordre, compte-rendu, commentaire, réclamation, commande, facture, etc.-- est irrecevable comme preuve parce qu'il provient de l'administration allemande qui, ne l'oublions pas, appelait un chat un chat, et la vermine vermine. Un document datant de l'immédiat après-guerre est irrecevable comme preuve parce qu'il date de ces années-là. Par exemple la déposition d'un nazi à son procès est irrecevable parce qu'elle est la déposition à un procès. La déposition d'un survivant est irrecevable parce qu'elle est celle d'un survivant (ces deux derniers exemples sont interchangeables: nazi irrecevable parce que nazi, survivant irrecevable parce que procès). Principe applicable à la totalité des nazis qui ont été entendus en justice. Si, comme c'est le cas, pas un seul n'a nié l'existence des chambres à gaz, ce n'est pas (pensée pauvrement exterminationniste) parce que les chambres à gaz existaient, mais (pensée résolument révisionniste) parce qu'ils croyaient ainsi voler au secours de la victoire et en recevoir récompense sous forme de clémence de la part des juges. Quant aux témoignages et dépositions des centaines de juifs qui se sont prétendus les survivants du génocide, ils sont irrecevables parce qu'ils ont été émis par des personnes qui ne pouvaient être que les instigateurs, les propagateurs, ou au mieux les complices de la rumeur qui a donné naissance à l'escroquerie dont ils sont les bénéficiaires. L'athéisme scientifique de Serge Thion l'ayant définitivement soustrait au « credo universel » de l'histoire officielle fondée sur des sources dont l'impureté a été hautement dénoncée par Rassinier, Faurisson et consorts, on se demande à peine quelle étrange raison lui a fait mettre en exergue à son livre une phrase de Pierre Vidal-Naquet (Bulletin d'lnformation sur le Cambodge, juin 1978, numéro 3) qui exprime un point de vue radicalement opposé à ce qui fait le corps même de l'argumentation révisionniste: « En matière de vérité, il n'y a pas de sources impures. »

Devant Saint-Pierre de Rome, lorsqu'on se tient très exactement sur le pavé qui marque le centre de la place, les colonnes de la deuxième rangée sont dissimulées au regard derrière celles de la première rangée. De même en penchant légèrement la tête on découvre derrière les sept piliers de la sagesse révisionniste, sept autres colonnes, d'une architecture moins noble sans doute, mais indispensables à l'équilibre de l'édifice. colonnes, en forme de consignes maintenant familières, sont les suivantes:

  1. --rappeler avec émotion qu'avant d'être révisionniste, on a longtemps cru à la thèse exterminationniste. Décrire complaisamment le confort de l'aveuglement, les affres de la conversion et les rigueurs austères de la vérité. Laisser entendre que la crédulité est compréhensible --dans le genre: je vous comprends, moi qui vous parle, j'ai été dupe pendant des années --mais qu'il est grand temps de s'en défaire;
  2. --souligner sans cesse la durée, l'intensité, le sérieux des recherches révisionnistes. Ne pas craindre d'affirmer, aussi souvent qu'on le jugera nécessaire, qu'on connaît la question à fond;
  3. --s'assurer l'estime, la confiance, le respect, si possible l'admiration des lecteurs en truffant ses textes de notes, références, sigles et autres commentaires techniques, dans le but a) d'étayer le 2° et b) d'amener insensiblement le lecteur à se démettre à votre profit de son propre sens critique --dans le genre: vous pouvez me faire confiance, je travaille pour la vérité, donc je travaille pour vous;
  4. --les trois manœuvres d'intimidation détaillées plus haut (1°, 2° et 3°) ayant été effectuées --ne pas craindre les répétitions--, concentrer ses vues sur un nombre très restreint d'objectifs en: a) faisant mine de les décortiquer à la loupe, et b) n'oubliant jamais de suggérer que la même méthode de routine pourrait tout aussi bien porter sur n'importe quelle autre « preuve » du génocide;
  5. --les objectifs ayant été bien délimités, triturer les documents en question dans tous les sens et de toutes les manières possibles (par amalgame, tronquage, glissement, manipulation, traduction, etc. -- la liste n'est pas exhaustive; les innovations sont les bienvenues) jusqu'à les vider tout à fait de leur contenu.
  6. --pratiquer la dénonciation systématique des travaux et des objectifs des exterminationnistes, en soulignant, en écho, la pureté de ses propres intentions et la qualité de son travail. But du 6°: amener insensiblement le lecteur moyen à penser qu'il est en face de deux écoles historiques, dont la plus scientifique n'est pas celle qu'il croyait;
  7. -- le plus important; créer l'ambiance -- ne pas la laisser retomber. Jeter à chaque page le doute, à feu nourri, sur tout document connu ou non, cité ou non, publié ou non, commenté ou non, passé, présent ou à venir. Se rappeler que seul un doute systématique, thomasien, cartésien, militant, contagieux, permettra de faire basculer le monde du bon côté. Rien ne devra être négligé: soupçons répétés, accusations explicites, commentaires sous-entendus sur les personnes, les écrits, les paroles, les circonstances, la conjoncture, etc.

J'ai moi aussi une révélation à faire (pas de raison que ce soit toujours les mêmes): le génocide est une histoire juive, une blague, un canular comme dirait M. Faurisson un Witz comme on dit chez nous. J'irai même plus loin: le génocide est une histoire sortie du Talmud. Arthur Butz ne me contredira pas, lui qui analyse avec une pertinence qui n'a d'égale que l'étendue de sa culture, le commentaire talmudique de la révolte des juifs menés par Bar-Kochba contre l'occupant romain en Palestine, en 135 après J.-C. On ne s'étonnera pas outre mesure qu'une histoire juive soit une histoire de chiffres. Butz, qui s'occupe des mensonges juifs en fin de semaine, consacre ses jours ouvrables à l'informatique. C'est donc avec une indignation toute professionnelle qu'il rapporte l'invraisemblance du commentaire talmudique, qui parle de 40, puis de 800 millions de juifs tués par les Romains. Il remarque ensuite avec perspicacité que « la littérature talmudique n'était pas destinée à une diffusion générale et les talmudistes disposaient donc d'une liberté plus grande que celle des inventeurs de l'imposture des six millions qui ont été, eux, contraints d'évaluer le degré de crédulité d'un auditoire non juif et qui pouvait donc être sceptique ». Mais sa parfaite connaissance de l'âme juive passée et présente --autant dire éternelle-- lui permet de conclure fermement à la remarquable similitude qui existe entre la mentalité talmudique et celle qui a donné naissance à l'imposture des six millions. Pour illustrer l'évidence de cette corrélation, il noie que Stephen Wise (président pendant la guerre du Congrès juif américain) et Michael Weissmandel (juif hongrois engagé dans la résistance) étaient l'un et l'autre des rabbins et qu'ils avaient été nourris de la pensée talmudique. Ces deux individus avaient donc « exactement le profil requis pour donner naissance à l'imposture ». Ce que, naturellement, ils firent.

Freud écrivit un jour Le mot d'esprit et ses rapports avec l'inconscient. Version originale: der Witz... On sait bien que du Talmud à Freud, il n'y a qu'un pas. Le juif viennois raconte dans son livre l'histoire suivante: À a emprunté à B un chaudron de cuivre; lorsqu'il le rend, B se plaint de ce que le chaudron a un grand trou qui le met hors d'usage. Voici la défense de A: primo j'ai rendu le chaudron en bon état; secundo il avait déjà un trou quand je l'ai emprunté; tertio je n'ai jamais emprunté de chaudron à B.

Ayant à ma gauche Freud et le Talmud et à ma droite Rassinier, Butz et Faurisson --j'avertis ici avec la plus grande fermeté que je poursuivrai en justice tout psychanalyste qui se permettrait d'interpréter tendancieusement une répartition dans l'espace pour laquelle je dispose de documents essentiels et non exploités me permettant de faire la preuve du caractère hasardeux de la dite répartition--, je vais exposer ici en quoi le génocide n'est rien d'autre qu'une talmudique histoire de chaudron.

Le Witz se décompose de la manière suivante:

1°) Ce sont les juifs qui sont à l'origine de la Deuxième Guerre mondiale. En effet ils ont, les premiers, déclaré la guerre à l'Allemagne. Comment je le sais ? Par Hitler d'abord, qui dit toujours la vérité, qu'il faut prendre au pied de la lettre et qui prophétisait avec de plus en plus de clairvoyance dans ses discours: « Si la juiverie internationale réussissait à précipiter les peuples dans une guerre mondiale... » (voir plus haut). Mais je le sais aussi par Faurisson et Rassinier. Faurisson explique qu' « en la personne de Chaïm Weizmann, président du Congrès juif mondial et futur premier président de l'État d'Israël, la communauté juive internationale a déclaré la guerre à l'Allemagne le 5 septembre 1939 ». Rassinier, plus au fait sans doute des dédales de la politique, explique longuement toute l'affaire dans un livre paru en 1967, qui s'intitulait Les Responsables de la Seconde Guerre mondiale. Je m'étonne au passage que Serge Thion, qui s'y entend si bien pour donner des leçons de morale aux historiens de métier, ait omis de mentionner deux livres de Rassinier dans la bibliographie qu'il donne de la littérature révisionniste, dont il dit qu'elle est « à peu près introuvable en France pour des raisons diverses ». Je m'étonne également que quelqu'un qui, comme lui, « fait quelque peu profession de (la) recherche », n'ait pas pris la peine de trouver ce que je n'ai eu, pour ma part, aucun mal à me procurer. Mais il est vrai que j'ai probablement mes entrées dans quelque officine néo-talmudique qui conserve jalousement de tels trésors. Le premier des deux livres de Rassinier qui ne figurent pas dans la bibliographie proposée par Thion s'intitule le Parlement aux mains des banques. Publié en 1955 par une maison d'édition qui s'appelait --ma parole, c'est une manie-- Contre-courant, il expliquait que la banque Lazard, alliée aux Gradis et aux Servan-Schreiber avaient poussé Pierre Mendès France au pouvoir afin que ce dernier, en sacrifiant les intérêts d'un groupe concurrent dans le Nord-Vietnam, puisse sauvegarder les intérêts des Gradis-Lazard, situés alors principalement dans le sud. La « raison diverse » qui rend ce livre introuvable est qu'il fut saisi, mais on en trouve un compte rendu dans le chapitre consacré à Mendès France sous le titre « Le Moïse de la gauche française », du livre les Financiers qui mènent le monde, publié en 1968 par l'auteur-éditeur d'extrême-droite Henry Coston.

Serge Thion déclare vigoureusement qu'« il faudra bien, un jour, réhabiliter Rassinier » Il serait hautement regrettable que, ce jour-là, les deux livres oubliés par Thion manquent à l'appel. À moins que les temps ne soient pas encore tout à fait murs pour un auteur injustement « réduit à se faire publier à l'extrême-droite » -- lui aussi, déjà... -- et qui « a écrit trop tôt, semble-t-il ».

Voici un échantillon de ce que Rassinier a peut-être écrit trop tôt. Il explique dans Les responsables de la Seconde Guerre mondiale comment les juifs ont déclaré la guerre à l'Allemagne: « Démocrate, le président Roosevelt est aussi franc-maçon et, par voie de conséquence, ses relations avec le monde juif sont, à la fois, nombreuses et intimes. Son entourage est juif, du moins le plus grand nombre de ses collaborateurs les plus importants. Morgenthau son secrétaire d'État au Trésor est juif; ses conseillers les plus influents, Baruch et Weizmann aussi; Cordell Hull du State Department est l'époux d une juive, etc., [suit une liste de 12 noms et 2 etc.]. Tout ce monde a ses grandes et petites entrées à la Maison Blanche ». Parmi ces collaborateurs, le journaliste Lippmann qui « est imposé au New York Herald Tribune par les banquiers juifs qui y font la pluie et le beau temps (...). Dès son élection, le président Roosevelt accepta, tacitement d'abord, puis ouvertement dans la suite, tous les postulats de la politique juive. Peut-être le doit-on au fait qu'il était un grand malade et que sa maladie le plaçait dans la dépendance de sa femme, plus farouchement encore que lui acquise à la cause des juifs (...) ». Quant aux nazis, « ils trouvaient tout à fait normal de considérer les Juifs comme des étrangers en Allemagne puisqu'eux-mêmes s'y conduisaient comme des étrangers. Prenant acte de cette doctrine qui soustrayait un peuple de soixante-dix millions d'habitants à leur marché financier, tous les Juifs du monde, au lieu de rechercher un compromis d'autant plus aisé à trouver que Hitler en recherchait un, passionnèrent le débat en se déclarant aussitôt, et de leur propre aveu, en état de guerre, non seulement avec l'idéologie nazie, ce qui eût été parfaitement légitime et n'eût, au pis-aller, entraîné comme conséquence qu'une discussion académique, mais encore avec l'Allemagne, ce qui supposait une intervention militaire ».

Deuxième phase de l'histoire du chaudron. Cet animal n'est pas méchant. Quand on l'attaque, il se défend. Les juifs déclarent la guerre à Hitler. Qu'est-ce que vous auriez fait à sa place ? Il n'allait tout de même pas tendre l'autre joue. Il se défend donc. À la guerre comme à la guerre. Mais rien de plus, on l'a vu. Les nazis ne sont pas coupables des crimes dont les accusent les pseudo-victimes et les gouvernements noyautés par ces pseudo-victimes. Comme il l'explique lui-même après plus de deux cents pages d'une typographie très serrée, Butz a consacré son livre à faire la preuve de l'imposture, c'est-à-dire la démonstration de ce qui n'était pas arrivé aux juifs. Il me semble que c'est là que réside le noeud central de la construction révisionniste: avoir à faire la preuve que quelque chose n'a pas eu lieu, qu'un crime n'a pas été commis, qu'à la place du plein de morts que revendiquent bruyamment les Juifs, il n'y a en fait que le vide d'un mensonge à la taille de l'univers. Et Butz, qui a peut-être trop fréquenté les chaudrons talmudiques, explique comment, avec la disparition d'Himmler, on a perdu la preuve que le crime n'avait pas été commis. Démonstration: les chambres à gaz, c'était de la propagande de guerre. La preuve: Himmler, sentant le vent tourner, avait peu avant la fin de la guerre pris contact avec un représentant du Congrès juif mondial à qui il avait expliqué que, pour arrêter l'épidémie de typhus dans les camps, les nazis avaient été obligés de brûler les corps innombrables de ceux qui en étaient morts. Ils avaient pour cela construit des fours crématoires. De là, la confusion qui avait permis la diffusion de la légende des chambres à gaz. Mais Himmler s'était « suicidé » (ne pas oublier les guillemets) dans sa prison britannique. Ce qui était vraiment dommage parce que, s'il avait pu comparaître devant ses juges, il aurait évidemment raconté la vérité --un nazi, comme un révisionniste, dit toujours la vérité--, puisqu'il la connaissait et qu'il n'y avait personne sur qui se décharger de sa responsabilité. Le livre de Butz eût dans ce cas été inutile: Himmler lui-même aurait fait la preuve de l'imposture. Mais les impératifs de la politique ne semblaient pas trouver souhaitable qu'Himmler fût entendu par le tribunal. Il s'est donc « suicidé ». Voilà pourquoi il ne fallait pas oublier les guillemets. Et voilà pourquoi votre fille est muette. Chaudron ou pas, on dira ce qu'on voudra, des raisonnements comme ça, on ne les trouve pas sous le sabot d'un cheval.

Congrès juif mondial

Rappel: les deux premières phases de l'histoire du génocide en forme de chaudron sont donc que: 1° les juifs sont responsables des horreurs qu'ils imputent aux nazis et 2° ces horreurs n'ont jamais existé. Mais la chute, le final, le moment où on rigole, c'est que 3° les juifs, qui se prétendent les victimes, sont en fait les vainqueurs. Sur la base de ce mensonge colossal à propos des « chambres à gaz » et du « génocide », ils ont réalisé une incroyable escroquerie, la plus gigantesque de tous les temps, puisqu'elle est à la mesure même de leur mensonge. Six millions de mensonges. Faites le compte des milliers de marks versés par les Allemands, au titre de réparations, pour chacun des millions de juifs qui n'ont pas été exterminés. Pour une escroquerie, c'est une belle escroquerie. Mais pour que le canular prenne, pour pouvoir toucher le magot, il fallait absolument que les vrais vainqueurs qu'étaient les juifs continuent à se faire passer pour les victimes. De là, l'organisation à l'échelle de la planète, à partir de rumeurs soigneusement répandues dès 1943, d'une propagande qui faisait des « vrais responsables de la Seconde Guerre mondiale » les victimes d'un conflit qu'en fait ils avaient fomenté, dont la prétendue horreur n'était que le fruit de leurs mensonges et dont ils étaient les tout premiers bénéficiaircs. Une escroquerie d'une telle envergure et d'une telle complexité n'avait pu naître, de toute évidence, que dans le secret des tunnels inconnus et innombrables qui relient sans doute les coffres-forts des banques juives mondiales et les écoles talmudiques disséminées dans les différents pays.

La difficulté extrême était dès lors, pour les révisionnistes, de faire la preuve de ce vide, la preuve de ce mensonge, de cette absence de morts. Rassinier, le premier, dans un savant mélange de citations, calculs, raisonnements, déductions, recoupements, confrontations, etc., oppose aux résultats évidemment mensongers sur le nombre des victimes auxquels sont parvenus les exterminationnistes, des chiffres que le lecteur est censé recevoir d'autant plus aisément qu'il ne risque pas d'avoir compris quoi que ce soit au savant mélange qui les a produits. Ses résultats: quelques gazages artisanaux + les horreurs de la guerre. Je pose deux, je retiens un: disons environ un million de victimes juives. Robert Faurisson, qui possède l'indiscutable avantage de travailler dans une fin de siècle qui ressemble de plus en plus à une machine à calculer, parvient à des conclusions nettement plus scientifiques: « Mon estimation est la suivante: 1°) le nombre des Juifs exterminés par les nazis (ou victimes du « génocide ») est heureusement égal à zéro ». On dira ce qu'on voudra, si toutes les « estimations » des économistes étaient aussi précises que celles de ce spécialiste du vrai et du faux, le pays n'en serait pas où il en est, ma bonne dame Parmi les quarante millions d'Européens tués par faits de guerre, le nombre « des Juifs européens pourrait être de l'ordre d'un million mais, plus probablement de plusieurs centaines de milliers si l'on ne compte pas les Juifs combattant sous les uniformes alliés. J'insiste sur le fait qu'il s'agit d'une estimation sans caractère proprement scientifique. En revanche, j'ai d'assez bonnes raisons de penser que le chiffre des morts d'Auschwitz (Juifs et non-Juifs) s'est élevé à cinquante mille environ (...). Quant au nombre des morts de tous les camps de concentration de 1933-34 à 1945, je pense qu'il a dû être de deux cent mille ou, au plus, de trois cent soixante mille Un jour je citerai mes sources mais je dis aujourd'hui que, si on employait les ordinateurs, on pourrait sans doute vite savoir le nombre réel des morts ». Je ne comprends vraiment pas pourquoi l'INED (Institut national d'études démographiques) n'est pas encore allé chercher M. Faurisson dans sa retraite par correspondance pour lui offrir un poste bien mérité de directeur général.

Ayant dénoncé, dans le Drame des Juifs européens, la malhonnêteté des Hilberg, Poliakov et autres agents sionistes qui ont mis toutes leurs ressources talmudiques à parvenir au chiffre convenu et sacré de six millions, Rassinier cite abondamment un article du journal American Mercury. Petite curiosité documentaire: le numéro de boîte postale qui sert d'adresse à ce journal est le même que celui de l'Institute for Historical Review organisateur du Congrès révisionniste de septembre 1979. « S'il est vrai, comme le prétend l'American Mercury que le mouvement sioniste international se refuse à un recensement de la population juive mondiale --quel aveu!-- et, par là, le rende impossible je ne vois guère où on pourrait trouver la vérité ailleurs que là. Si tant est qu'on puisse la trouver ». Tout naturellement, le chapitre qui suit immédiatement ces lignes s'intitule « La migration juive ou le "Juif errant« », et commence par ces mots: « Pour bien comprendre le mouvement de la population juive européenne entre 1933 et 1945, un rapide survol historique de la migration juive à l'échelle du monde me paraît indispensable: l'histoire du "Juif errant" en somme ». Il semble en effet évident, pour recenser les prétendues victimes juives de la Deuxième Guerre mondiale, de remonter, comme le fait Rassinier, au XVIIIe siècle avant J.-C. Errant peut-être, le Juif, mais avec « la souplesse du commcerçant par vocation ». En attendant sa réhabilitation --à laquelle s'emploient courageusement Thion et Pierre Guillaume, Rassinier poursuit: « Aujourd'hui [son livre paraît en 1964] c'est, pour parler par métaphore, l'or de Fort Knox qui est visé. Si l'opération réussissait-- il suffirait que la branche américaine du mouvement sioniste international mît la Main sur Wall-Street, pour qu'il en soit ainsi -- le port d'attache israélien de la Diaspora deviendrait non seulement le Toit commercial du monde atlantique mais, le pétrole étant la source énergétique par excellence de son développement et son contrôle lui étant assuré en totalité du Moyen-Orient au Texas, le poste de commande aussi de toute son industrie. « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front » dit l'Éternel à Adam, et à Eve: « Tu enfanteras dans la douleur », en chassant le couple du Paradis terrestre qu'il avait créé à leur intention et pour leur descendance. Les femmes d'Israël continueraient, bien sûr, à enfanter dans la douleur, mais leurs hommes, c'est à la sueur du front des autres qu'ils leur gagneraient leur pain, et celui de leurs enfants: le moins qu'alors on pourrait dire, c'est que la qualification de « Peuple élu » à laquelle les juifs prétendent prendrait toute sa signification ». Tant pis pour moi, ça doit être encore ma paranoïa qui me travaille: le jour où Thion et ses nouveaux amis feront une petite fête pour célébrer la réhabilitation de l'auteur de ces lignes, je ne serai pas là pour sabler le champagne.

Rassinier avait tout compris: pour trouver à qui profite le crime qui n'a pas été commis, il faut bien sûr chercher du côté des prétendues victimes et faire la preuve du gigantesque complot qui est à la base d'une telle escroquerie. Les juifs déguisés en franc-maçons, tirent du fond de leurs fauteuils dé banquiers les ficelles d'hommes d'État à moitié paralysés Les nazis n'avaient certes pas été les premiers à dénoncer publiquement les liens retors qui unissent les juifs aux différentes sociétés secrètes, notamment à la franc-maçonnerie. On voit qu'ils n'ont pas non plus été les derniers. Quelques hommes seuls, courageux, se battent aujourd'hui armés de leur seul bon sens, en butte à la masse bétonnée d'un mensonge gigantesque en forme de coffre-fort, animés du seul souci d'arracher la vérité au monceau de cendres imaginaires déposées par des faussaires cosmopolites non loin de chambres à gaz inexistantes courageusement acharnés à faire la preuve qu'ils détiennent le secret de ce secret, la clé de ce complot, l'explication de ce vide aux allures trompeuses de génocide. Mais comment faire la preuve du vide? Ces juifs qui, par la bouche de leurs coreligionnaires, osent se prétendre morts et exiger réparation, sont en fait bien vivants. Mais feignant d'être morts, ils sont innombrables --c'est-à-dire qu'on ne peut pas les dénombrer. Ils ne portent plus l'étoile jaune, on ne peut donc plus les repérer du premier coup d'oeil. M. Faurisson explique fort bien que les juifs à l'étoile « étaient comme des prisonniers en liberté surveillée. Hitler se préoccupait peut-être moins de la question juive que d'assurer la sécurité du soldat allemand. Le troupier allemand aurait été incapable de distinguer les Juifs des non-Juifs. Ce signe les lui désignait (...). Je sais qu'on pense parfois que des enfants de 6 à 15 ans ne pouvaient constituer un danger et qu'ils n'auraient pas dû être astreints au port de l'étoile. Mais si l'on reste dans le cadre de cette logique militaire, il existe aujourd'hui suffisamment de récits et de mémoires [tiens, ceux-là, il faut les croire?] où des Juifs nous racontent que dès leur enfance ils se livraient à toutes sortes d'activités illicites ou de résistance aux Allemands ». Quand je vous disais: à la guerre comme à la guerre. Mais depuis 1945, le port dé l'étoile a disparu Alors comment repérer les juifs ? Comment les compter ? La preuve qu'ils ne sont pas morts, c'est, comme dirait le simple bon sens de MM. Rassinier, Faurisson, Thion et La Palice, qu'ils sont bien vivants. Mais comment le montrer ? Ils bougent tout le temps, ils sont derrière le rideau de fer, ils se déguisent en Américains moyens, ils changent de nom. Les pages 327 et 328 du livre de Thion apportent la preuve éclatante, magistrale, incontestable, que les prétendus morts sont bien vivants. Page 327: le petit garçon du ghetto de Varsovie, avec sa casquette trop grande, son regard effrayé et ses bras levés devant les mitraillettes allemandes, en a-t-il fait pleurer des dupes... Réjouis-toi, mon âme. Ce petit garçon qui aurait dû, selon la légende exterminationniste, mourir gazé à Treblinka, ce petit garçon, nous explique Faurisson est aujourd'hui un homme très riche qui vit dans une banlieue de Londres. Cette bonne nouvelle, qu'il s'empresse de nous communiquer, Faurisson la tient du Jewish Chronicle du 11 août 1978. Tout à la joie de savoir cet enfant vivant, il manque peut-être d'une certaine rigueur et d'une certaine mesure en traduisant par « très riche » le mot anglais de « prosperous ». Mais il faut dire que noter, tout à la fin d'un livre sur la vérité historique, qu'un pauvre petit juif prétendument mort est en fait un juif bien vivant et très riche, il n'y a rien de tel pour frapper les imaginations. Page 328: même scénario. Cette fois- ci, la photographie est celle de Simone Veil. Faurisson écrit: « Prenons, par exemple, le convoi n° 71, lequel est arrivé à Auschwitz le 16 avril 1944. Toutes les femmes de ce convoi ont été, nous dit-on, gazées le jour même de leur arrivée. Parmi elles figurait le nom d'une certaine Simone Jacob, née le 13 juillet 1927 à Nice. Or cette jeune fille est bel et bien revenue en France par son mariage elle est devenue Simone Veil et elle préside aujourd'hui le parlement européen. » Encore une qui aurait dû être gazée. Ah, toujours se méfier des « on-dit ». Encore une qu'on retrouve bien vivante --et riche aussi, ma foi. Ça fait déjà deux juifs dont on nous a fait croire qu'ils avaient été gazés. Concluez-vous-mêmes.

Conclure, justement, ce serait écrire un autre article, infiniment plus long et plus complexe que celui-ci. À titre d'aperçu, il devrait, je crois, parler du marxisme, des luttes anticoloniales, du sionisme, des Palestiniens, du Cambodge, de la gauche... et du reste. Je me garderai bien de me lancer dans une telle entreprise. Mais j'ai pensé nécessaire d'analyser « comment on révise l'histoire » en préambule à ce que d'autres écriront peut-être sur le pourquoi de ce comment. Pourquoi Faurisson révise l'histoire et pourquoi Thion soutient Faurisson dans ce genre de révision. Qu'est-ce qui, dans le monde qui est le nôtre et dans la tête qui est la leur, pousse aujourd'hui certains à s'acharner ainsi a démasquer ce qui leur apparaît comme un gigantesque pot aux roses, à décréter vivants des millions de disparus, à faire succéder au zèle des nazis à liquider la vie des juifs leur propre zèle à liquider la mort des juifs, à proclamer détenir une vérité qu'ils serviraient d'autant mieux qu'ils en auraient été eux-mêmes longtemps privés, à consacrer tous leurs efforts à jouer ainsi les redresseurs de morts.

Nadine FRESCO.  mai 1980

 

Pages personnelles de Michel Fingerhut

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire